Tout-terrain #41999
- Référence : #41999
- Nom du modèle : Tout-terrain
- Nombre de pièces : 1585
- Année : 2013
- Dimensions : 44 x 21 x 21
- Designer : Markus Kossmann
- Niveau de difficulté : 3/5
- Note du modèle principal : 5/5
Designé dans le cadre d'un concours organisé par Lego, ce beau tout-terrain #41999 réutilise le châssis du set #9398 commercialisé un an plus tôt. Tel était en effet le but du concours dont Egor Karshiev est sorti vainqueur. Commençons donc par décrire ce châssis. Sa couleur rouge sied à merveille au modèle et apporte de la vivacité. Car même si les formes du véhicule sont dynamiques, il faut bien dire qu'avec du noir et du bleu foncé, l'ensemble était assez sombre. Les divers connecteurs gris et pièces power functions donnent l'impression que le châssis est détaillé. Ce ne sont pas vraiment des détails, mais disons qu'ils évitent que le châssis soit trop lisse visuellement. En somme, on ressent qu'il y a de la mécanique. De couleur jaune, les suspensions apparaissent de façon claire. Il est très plaisant de les admirer travailler au gré des reliefs lors d'un franchissement.
L'avant est très angulaire, ce qui donne une carrure impressionnante au véhicule. Le contour noir et le pare-buffle renforcent le caractère redoutable du tout-terrain. Avec une calandre, des phares, un pare-buffle et un pare-choc argentés, les détails sont aboutis. Mais l'ensemble devient une franche réussite lorsque l'on considère le niveau de finition. C'est bien simple, les jointures et agencements des différents composants entre eux frisent la perfection. Rarement un Lego Technic a bénéficié d'un tel soin. Et aussi simpliste soit-il, l'interminable capot aux formes saillantes est une merveille. Les 2 bandes blanches intensifient la sportivité de l'ensemble et ne sont pas sans rappeler 2 mythiques voitures américaines, la Dodge Viper et la Shelby Cobra ; superbe !
Au niveau de l'habitacle, les carénages latéraux sont exemplaires et ont des jointures irréprochables. C'est si lisse que l'on pourrait penser que l'ouverture des portières a été condamnée. Il n'en est rien. Vers l'arrière, la ligne supérieure des portières forme une vague, un décrochement. Et ce n'est pas un hasard. Cela élargit les "épaules" de la voiture à la manière de bon nombre de muscle cars. Le toit a les mêmes qualités que le capot, il est net et pourvu de 2 belles bandes blanches. Les montants noirs des pare-brises avant et arrières sont à l'image des contours noirs de la calandre. En revanche, le set est tellement bien caréné qu'on aurait apprécié que les trous de ces montants soient moins visibles. Tant pis. Dans l'habitacle, les 2 sièges beiges donnent une ambiance très cosy. Ce contraste radical avec l'allure extérieure brutale du véhicule est très séduisant. Mais les compliments s'arrêtent là. Les sièges sont trop petits et dépourvus d'assise. De surcroit, la distance entre le volant et le siège du pilote est disproportionnée. Le manque de place du fait des composants power functions se fait clairement ressentir dans la réalisation de l'habitacle. Derrière les sièges, avec des modifications mineures, il était possible de faire mieux. La poutre jaune aurait pu être plus discrète si elle avait été d'une autre couleur, et le récepteur infrarouge aurait pu être un tenon plus bas tout en étant aussi efficace. Les détails de cette partie centrale du véhicule sont de bonne facture. On recense des marchepieds, de beaux pots déchappement, les rétroviseurs, et des grilles de refroidissement. Tous sont argentés, ce qui est un plus notable.
Quoiqu'un peu trop long, l'arrière du set n'a pas été négligé. La carrosserie est toujours aussi soignée, avec des surfaces nettes et des jointures de qualité. Les bandes blanches se poursuivent bien sûr jusqu'au coffre. Déjà très dynamique, le design l'est encore plus grâce à la forme fuyante et l'aileron arrière. Ces pièces font d'ailleurs une liaison particulièrement bien sentie entre le coffre et l'aileron. A l'arrière, les finitions sont correctes. Le pare-choc argenté est conforme à ce que l'on a sur la face avant, et les carénages sont omniprésents avec des tiles et des pièces qui atteignent presque le dessous du coffre. La plaque d'immatriculation sérigraphiée est impeccable. Elle reprend les initiales de Egor Karshiev et le numéro du set parmi les 20 000 exemplaires produits. On a aussi des feux stops et clignotants. Cela dit, leur design n'est pas vraiment en accord avec les optiques avant.
Les passages de roues sont parfaits. Leurs formes géométriques concordent avec les formes de la voiture, et les jointures qu'ils ont avec la carrosserie sont impeccables. Leur couleur noire rappelle également les contours de la calandre et de l'habitacle. En outre, ils ne peuvent pas entrer en contact avec les pneus. Les jantes noires conviennent divinement au design agressif du set, et leur bord blanc fait le lien avec les lignes blanches de la carrosserie. C'est d'ailleurs la première fois que Lego sérigraphie des jantes. Le schéma de couleur général est infiniment plus convainant que celui du #9398. Le bleu foncé est innovant pour un set Lego. De plus, bleu foncé, rouge et blanc, c'est on-ne-peut-plus approprié pour un véhicule au style très américain. Il suffit de regarder le drapeau des Etats-Unis ou les couleurs de 2 célèbres voitures mentionnées ci-avant pour se rendre compte que le schéma de couleur de ce #41999 est simplement parfait.
En somme, on comprend vite que Lego s'est donné les moyens de ses ambitions et n'a pas lésiné sur les efforts à fournir. Introduire une nouvelle couleur - le bleu foncé - dans la gamme Lego Technic ? Aucun problème ! Introduire des poutres argentées ? Aucun problème non plus. Introduire des jantes décorées ? Encore une fois, aucun problème. Ce tout-terrain #41999, ou l'art de réaliser un design sans compromis, figure parmi les plus beaux Technic jamais créés par la firme danoise.
Avant d'aborder les fonctions essentielles du set, concentrons-nous sur les fonctions secondaires. Les portières peuvent s'ouvrir à un petit peu plus de 90°. Leur système de verrouillage est ferme et malin. C'est un axe de 2 qui se prend dans des pièces en caoutchouc. De cette manière, lorsque le véhicule est secoué lors d'un franchissement, les portières ne peuvent pas s'ouvrir intepestivement. L'ouverture des portières sert aussi à débloquer la carrosserie pour la lever et accéder au boîtier à piles. Ce dernier n'est pas si facile à déloger compte tenu de la quantité de câbles électriques. Portières fermées, ce connecteur empêche la carrosserie de bouger. Le coffre s'ouvre également mais demeure peu utile : il n'a pas de fond et ne peut donc rien accueillir. Son articulation est juste nécessaire pour faire basculer toute la carrosserie en arrière. Par ailleurs, lorsque le boîtier à piles est sous tension, les leds s'allument. Avec les diverses pièces argentées, ces lumières s'intègrent mieux que sur le set #8297. On admet sans difficulté que multiplier par 2 le nombre de leds n'est pas forcément possible pour des raisons économiques. Néanmoins, n'avoir que 2 phares qui s'allument sur les 4 est un peu bancal. Ca donne l'impression que 2 phares sont grillés...
Ce tout-terrain #41999 reprend les 3 principales fonctionnalités du #9398 : la direction, la propulsion et les suspensions. Cela paraît logique vu qu'il en reprend le châssis. Le fonctionnement de la direction est très simple. Le servo moteur est disposé dans la partie basse du châssis. La sortie du moteur peut accueillir 2 axes. L'un file vers l'avant, l'autre file vers l'arrière, afin de faire braquer les 4 roues. Les axes de direction traversent les fameuses articulations à rotules (1 et 2) grâce à des cardans. Sur chaque essieu, un engrenage 12t travaille avec une crémaillère 7L. Le rayon de braquage de ce système à 4 roues directrices est de 44 cm. Ce n'est pas extraordinaire - des sets font aussi bien avec un seul essieu directeur - mais suffisant pour rendre le set jouable. La maniabilité de la direction est parfaite. Le servo moteur braque tant que l'on maintient le signal avec la télécommande. Dès qu'on lâche la manette, le moteur revient au neutre et remet les roues droites, sans approximation. C'est très instinctif. Si le terrain contraint fortement les roues, le moteur ne pourra pas réaligner les roues, c'est sûr. Mais globalement, ça marche très bien.
La propulsion est la fonction qui met en jeu le plus de pignonerie sur le set. Mais il faut relativiser cela, car ça reste encore très loin de certains modèles où un mécanisme parcourt le modèle en long, en large et en travers. Le set étant un véhicule de franchissement, il possède 4 roues motrices. Les 2 essieux présentant une conception strictement identique, seul l'essieu avant sera étudié. Tout part du moteur L fixé à même l'essieu. En sortie, un 12t s'engrène avec un 20t, puis, ce sont 2 engrenages à 16 dents qui prennent le relais pour descendre de 3 tenons. Là, un nouveau 20t forme un renvoi d'angle avec la couronne du différentiel 3L qui va distribuer le mouvement à gauche et à droite de l'essieu. Pour atteindre le moyeu, il y aura encore 2 réductions faites d'un 12t et d'un 20t. Un cardan est de la partie juste avant les ponts portiques pour que les roues puissent braquer. Au final, la réduction est de 175:27 ; c'est important et ça augmente le couple d'autant. A l'instar du #9398, le modèle n'a pas de moteur factice. Outre le fait qu'il n'y a pas la place, relier un moteur factice à un des moteurs de propulsion est mission impossible. Les essieux qui accueillent les moteurs L sont vraiment distincts du reste de la construction. Le seul endroit viable qui peut accueillir un axe est dans l'articulation principale (articulation à rotules). Or, cet emplacement est déjà occupé par la direction. Il n'y a pas de différentiel central pour les mêmes raisons (manque de place, configuration des essieux non adaptée à un tel ajout).
Le 4x4 est intégralement suspendu, grâce à 4 suspensions. Le système de suspension a déjà été vu sur quelques sets comme l'Unimog #8110 ou le monster truck #42005. Chaque essieu est articulé avec de grosses rotules (1 et 2) de façon à ce que l'essieu puisse bouger dans tous les sens. Mais afin de supprimer toute position non viable, des tirants retiennent les essieux. Ainsi, les mouvements de bas en haut sont toujours possibles mais les mouvements latéraux sont limités. Ces arbres présentent aussi un avantage majeur par rapport aux barres Panhard du #8110 : en compression, les suspensions n'induisent aucun mouvement latéral. Par ailleurs, les suspensions ont beau être les mêmes que sur l'Unimog, elles sont sensiblement plus souples. Cette amélioration s'explique par le fait qu'elles sont plus proches du centre de l'essieu (bras de levier plus court). Ce regain de souplesse n'est vrai que lorsque la contrainte exercée ne fait travailler qu'un seul ressort. Si l'on comprime les 2 ressorts en même temps, la fermeté est rigoureusement identique à ce que l'on constate sur l'Unimog. En somme, la façon dont sont conçues ces suspensions est parfaite sur toute la ligne. Le croisement de pont est légèrement inférieur à 60°, ce qui est assez élevé. Le débattement maximal, lui, atteint 2,5 cm (pression strictement verticale, donc en faisant fi des croisements de ponts), et c'est largement suffisant. Le châssis encaisse bien les efforts subis.
Notre tout-terrain intègre une nouvelle fonctionnalité par rapport au set dont il s'inspire. A l'avant, il y a un treuil motorisé et contrôlé par un switch. Le moteur M actionne un 20t qui s'engrène avec un 16t. Puis, pour assurer l'irréversibilité du mécanisme, c'est une vis sans fin qui fait tourner un clutch situé sur l'axe du treuil. Le clutch est à double tranchant ici. Il va bien sûr protéger la fin de course (câble totalement rembobiné). Mais il va aussi limiter la capacité de traction. En effet, le clutch va débrayer sous une forte contrainte là où un engrenage 24t pourrait l'encaisser. La vitesse de déroulement du câble est correcte mais bien inférieure à la vitesse de déplacement du véhicule. La possibilité d'accrocher le câble et de le réenrouler pour aider le tout-terrain à franchir un obstacle est donc limitée, faute de synchronisation. Ou alors, cela est possible mais en avançant par à-coups ; pas très reluisant. Loin d'être parfait, ce treuil a le mérite d'apporter une nouvelle dimension au set. C'est une fonction non télécommandée (mais motorisée pour rester avec la logique globale du set) qui permet de réellement jouer, de toucher le set. Et ça, ça reste un aspect très important sur un set Lego. De surcroît, 2 choses sont à noter. Premièrement, l'orifice qui guide la sortie du câble est d'une discrétion et efficacité sans égal. Cela est très représentatif du soin apporté à l'agencement entre les différentes parties du set. Et deuxièmement, les designers ont consenti à intégrer un moteur M et un switch juste pour motoriser le trueil. Ce n'est pas rien, et il ne fait pas l'ombre d'un doute que sur un set plus standard, le treuil aurait été entièrement manuel. Ou bien absent, comme c'est le cas sur le #9398.
Par rapport au #9398, les nouveautés incorporées dans ce #41999 font que le set est plus lourd (360 pièces de plus dont un moteur M), le centre de gravité est plus haut, et un peu moins de puissance peut être dédiée aux moteurs L pour la propulsion (leds connectées et treuil motorisé). En conséquence, les performances de franchissement sont mathématiquement moins bonnes sur le papier. Dans la pratique, il faut bien admettre que les différences sont mineures. A peu de choses près, ce beau tout-terrain est donc apte à rivaliser avec le #9398 dans un parcours de franchissement. En ce qui concerne la jouabilité, la vitesse de déplacement est très appropriée, et les suspensions travaillent bien car pas trop fermes. La maniabilité est instinctive et rien ne craque. Au pire, les moteurs calent. Enfin, ces liftarms coudés gris clair sur les essieux réduisent le risque que le crawler s'accroche sur un obstacle, et ce malgré la garde au sol équivalente à 4 tenons (3,2 cm).
Avec un servo moteur, 2 moteurs L, un moteur M, un récepteur infrarouge, une paire de leds, un switch, une télécommande, et un boîtier à piles, soit 8 composants différents, il est indéniable que le power functions est au cœur du modèle. Le second attrait du véhicule, ce sont les 76 pièces studless bleu foncé. Et parmi elles, on recense 6 formats de carénages mais seulement 3 formats de poutres ; c'est très peu pour être vraiment réutilisables. Viennent ensuite les 24 pièces argentées (dont 10 poutres) et les 4 jantes sérigraphiées. Voilà, ça c'était pour les pièces qui font que ce modèle est foncièrement singulier. Dans le reste de l'inventaire, il y a encore quelques pièces dignes d'intérêt, mais beaucoup de sets font mieux à ce niveau : 4 suspensions, 4 cadres Technic, 4 ponts portiques, 2 articulations à rotules, 6 cardans, et 43 pièces dentées (dont un clutch, 2 crémaillères 7L, un 36t, une vis sans fin et 2 différentiels).
L'inventaire des pièces est disponible ici.
Dans le fond, on ne peut pas dire que le modèle soit si différent du #9398. La réutilisation du châssis était d'ailleurs le point de départ de ce tout-terrain #41999, d'où une mécanique toujours aussi simple. Ce set consiste donc en une petite évolution technique (intégration d'un treuil motorisé) couplée à une révolution esthétique. Oui, le set est l'aboutissement d'une très forte volonté d'apporter un design novateur. Avec de nouvelles couleurs, des sérigraphies inhabituelles, et la détermination à obtenir un résultat sans le rapprocher du nombre de pièces consommées (motorisation du treuil), Lego envoie à ses fans un message clair et retentissant : "Je vous ai compris".