Camion remorqueur #42128
- Référence : #42128
- Nom du modèle : Camion remorqueur
- Nombre de pièces : 2017
- Année : 2021
- Dimensions : 52 x 15 x 21
- Designer : Markus Kossmann
- Niveau de difficulté : 3/5
- Note du modèle principal : 5/5
Camion américain oblige, on a affaire à un set visuellement spectaculaire ! La cabine, absolument capitale en terme d'identité vis-à-vis de ce genre de véhicule, a fait l'objet d'un soin tout particulier. La quantité de détails et de finitions incorporée dans le modèle est tout à fait remarquable : pare-choc, plaque d'immatriculation, calandre, phares, filtres à air, réservoirs d'essence, marchepieds, rétroviseurs, poignées de porte, cheminées, pare-soleil, klaxons, feux de gabarit et rampe de feux. Rien que ça ! Le plus impressionnant dans tout ça est peut-être la façon dont les différents éléments sont ajustés entre eux. Les jointures au niveau du capot, les filtres à air à un demi tenon des passages de roues et des portières, les cheminées encastrées dans l'élargissement du compartiment couchette, tout est agencé avec un naturel déconcertant qui procure beaucoup de réalisme. Sous le capot, le moteur L6 a été agrémenté de quelques éléments mécaniques pour ne négliger aucun aspect. Même à l'intérieur de la cabine, on a largement de quoi faire : 2 sièges, un volant, une planche de bord, et un levier de vitesses. L'un des rares bémols réside peut-être dans la poutre noire présente au sommet du compartiment couchette. Hormis cela, il faut bien admettre que tout l'avant de ce camion américain pouvait difficilement être plus réussi.
Sans grande surprise, le constat est un peu moins flatteur sur toute la partie utilitaire du camion. Les côtés du camion sont joliment habillés et tout à fait dans la continuité de ce que l'on trouve sur la partie avant. Par contre, les passages de roues ont de quoi laisser songeur. De couleur noire et de forme carrée, ils ont une allure diamétralement opposée à ce que l'on a sur l'essieu avant ; dommage. Sur le dessus, l'habillage est relativement bien fait, mais la couleur gris foncé ne convient pas. Le blanc semblait tout indiqué afin de poursuivre le schéma de couleur observé sur toute la partie avant du camion. Les détails sont corrects, avec les feux stops, les feux de recul et les clignotants sur la face arrière. De même, l'intégration des commandes des différentes fonctions est plutôt bonne : les 7 molettes et leviers ne sont visuellement pas trop gênants.
Les outils sont accrocheurs grâce à leur couleur bleue. Et les éléments fonctionnels tels que les engrenages, crémaillère, tuyaux pneumatiques ou crochets participent à apporter des détails appréciables. Le bras est bien caréné également à l'aide de 3 métapièces. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : la structure qui soutient le bras est démesurée à un point qui frise le ridicule. Pour être exact, elle dépasse la rampe de feux par plus de 4 cm ! L'une des explications à cette grande structure vient du vérin pneumatique et de ses branchements qui nécessitent de surrélever le bras. Partant de là, il aurait pu être intéressant d'opter pour 2 vérins fins sur les côtés du bras au lieu d'un grand vérin au centre. Accessoirement, cela aurait aussi apporté de la cohérence sur le design avec le vérin du télescopage.
Les proportions du véhicule sont bonnes, à part la structure du bras comme expliqué ci-avant. S'agissant du schéma de couleurs, la partie avant du camion est irréprochable. Au contraire, la partie arrière multiplie les teintes : orange, blanc, noir, gris foncé, bleu et jaune. Le résultat s'en ressent et manque nettement d'unité. Il était essentiel d'uniformiser tout cela en supprimant nécessairement le gris foncé, et éventuellement le noir.
Avant de rentrer dans la mécanique pure, ce remorqueur possède quelques ouvrants : le capot et les portières. D'un intérêt technique plus que limité, ces mini fonctions n'en demeurent pas moins essentielles. Le capot moteur très tient bien en place tant ouvert que fermé, principalement du fait de son poids.
Avec 10 fonctions au compteur, ce remorqueur américain offre d'excellentes perspectives. La première fonction, c'est bien entendu la direction qui se contrôle depuis la HOG située au dessus du compartiment couchette. Le mécanisme débute par 2 réductions avec des engrenages à 12 dents et à 20 dents (d'abord en renvoi droit puis en renvoi d'angle). L'axe passe ensuite à travers la roue folle de la transmission pour qu'une paire d'engrenage à 16 dents permette à un 12t de faire coulisser la crémaillère 7L par dessous. Du fait des 2 réductions en amont, le mécanisme est particulièrement doux à opérer. En revanche, il faut se rendre à l'évidence : avec une longueur de plus de 50 cm et 3 essieux fixes, le rayon de braquage est forcément immense. Il atteint 69 cm, mais compte tenu des caractéristiques du véhicule, ce n'est pas si aberrant. Et de toute façon, le modèle offre largement de quoi faire avec toutes les autres fonctions.
Le modèle possède une transmission sur les 2 essieux arrière. Cela marque une amélioration notable par rapport au grumier #9397 où Lego avait été pingre sur le 3ème essieu. Après les 2 différentiels, un axe file vers l'avant où, de manière très classique, la rotation est remontée à l'aide de 3 engrenages à 16 dents dont une roue folle. Le moteur mouline assez bien et la configuration en 6 cylindres en ligne est réaliste vis-à-vis de ce type de camion qui en réalité ont des moteurs 6L de 13 ou 15 litres.
Sur le second essieu, le remorqueur possède une innovation de taille : un essieu relevable. Lorsque la charge peut être supportée uniquement par les essieux moteurs (donc lors d'un déplacement simple ou lors du remorquage d'un véhicule au tonnage modéré), relever un essieu permet de réduire la consommation du camion ainsi que l'usure dudit essieu (pneus, freins). Jusqu'à présent, le seul modèle à intégrer cette fonction était le modèle secondaire du grumier #9397. Sur notre #42128, le mécanisme s'opère depuis la molette arrière gauche. Un engrenage 16t interagit avec un 20t, puis une paire d'engrenages à 12 dents permet de descendre verticalement dans le châssis. Là, une vis sans fin entraîne un nouvel engrenage 20t, puis un système à 3 biellettes peut relever l'essieu. Il faut 6 tours de molette pour passer d'une position à l'autre. Le système est bien conçu car la vis sans fin et les biellettes aboutissent à un essieu bien rigide en position basse. Autrement dit, une fois baissé l'essieu n'est pas décoratif mais réellement porteur avec une vraie pression au sol.
Pour déployer les stabilisateurs on tourne la molette avant droite. Une engrenage 20t remonte la rotation sur un 12t qui va distribuer le mouvement sur les flancs gauche et droit du camion. Ensuite, on a la même configuration de chaque côté. A l'avant le mini vérin mécanique est actionné par 2 engrenages à 12 dents en renvoi d'angle. Et à l'arrière le vérin est branché sur un axe articulé en 2 points avec CV joint et cardan. Ces articulations qui n'ont d'autre but que de rattraper des décalages sont peu glorieuses en terme de conception, mais on s'en remettra. Il faut un peu moins de 11 tours de molette pour avoir une course complète, ce qui reste acceptable. Concernant le fonctionnement, la stabilisation procurée est bonne. Cependant, il faut veiller à ce que le camion soit positionné sur une surface plane. En effet, les 4 stabilisateurs étant liés, il n'est pas possible de différencier leur déploiement pour absorber de petits reliefs. Le cas échéant, le stabilisateurs stopperont leur déploiement au premier obstacle rencontré par l'un des stabilisateurs. Passer outre cette limite est techniquement possible en sollicitant le débrayage interne des vérins mais fortement déconseillé. Cela userait prématurément les pièces et désynchroniserait systématiquement les 4 stabilisateurs.
Le bras de la plateforme de remorquage est actionné par la molette avant gauche. Un engrenage 16t s'engrène avec un 20t en contrebas, puis un renvoi d'angle fait de 2 engrenages à 12 dents permet de renvoyer un axe longitudinal vers l'arrière. Là-bas, 4 engrenages à 16 dents et 2 triplets d'engrenages simple bevel alimentent les mini vérins mécaniques. Pour déployer totalement ces vérins, il faut 24 tours de molette ; c'est trop ! On relativise cet écueil en se disant qu'il n'est pas forcément nécessaire de lever le bras au maximum pour remorquer un véhicule. Au point le plus haut, la barre de remorquage est à 7 cm du sol, ce qui est bien plus réaliste que ce que proposait le calamiteux remorqueur #42008 en 2013.
Les fonctions pneumatiques sont toutes alimentées par la pompe manuelle située à gauche derrière le compartiment couchette. Cet emplacement est à la fois discret et facile d'accès. La barre de remorquage se déplie à l'aide d'un vérin pneumatique contrôlé depuis le switch situé sur le côté gauche du camion. La souplesse du vérin pneumatique fait qu'il n'est pas possible de définir une position intermédiaire, mais cela est sans conséquence puisqu'en principe la barre est soit baissée au maximum pour un remorquage, soit totalement repliée. La barre sur laquelle on pose l'essieu du véhicule remorqué est articulée afin que le convoi puisse braquer correctement. L'utilisation d'un pin à friction évite aussi à la barre de jouer au balancier lorsqu'elle est repliée.
La rotation du bras constitue elle aussi une forme d'innovation puisque ce #42128 est le premier remorqueur Technic à intégrer cette caractéristique. On contrôle le mécanisme avec la molette arrière droite. Un engrenage 16t entraîne un 20t pour remonter le mouvement, puis une vis sans fin et 2 engrenages 20t se chargent d'atteindre la couronne dentée de la turntable. Il faut 40 tours de molette pour passer d'une position extrême à l'autre (action sur 180°), ce qui est vraiment beaucoup. On peut modérer ce constat en admettant volontiers qu'une opération de remorquage exige rarement une amplitude à 180°. Le plus souvent le bras partira d'une position médiane et ira éventuellement au maximum sur l'un de côté, soit 90° d'amplitude, soit environ 20 tours de molette. En pratique, il est même possible de tabler plutôt sur une dizaine de tours pour malgré tout profiter correctement de l'orientation du bras. La lenteur de ce mécanisme s'explique bien entendu par la présence de la vis sans fin sur laquelle il n'est pas possible de faire l'impasse. Sur une grue mobile où le mécanisme de rotation de la tourelle est manuel, le mécanisme est presque toujours dépourvu de vis sans fin car la charge déplacée exerce presque exclusivement une contrainte verticale (le poids). Sur un remorqueur, quand le câble tire pour décoincer un véhicule, la contrainte s'exerce principalement selon un plan horizontal. Il faut donc que le bras ait une stabilité que seule la vis sans fin peut procurer. On notera par ailleurs que les 4 tuyaux pneumatiques qui passent au centre de la turntable ne posent aucun problème de vrille lorsque l'on oriente le bras d'un côté ou de l'autre.
Pour lever le bras, le set utilise un vérin pneumatique contrôlé par le swtich arrière droit. Le fonctionnement est très simple et répond aux attentes que l'on peut en avoir. Avec le télescopage, l'extrémité du bras peut atteindre une hauteur de 39 cm, ce qui offre pas mal de possibilités de jeu.
La partie télescopique du bras se déploie elle aussi par un vérin pneumatique. L'extension du bras est exactement égale à l'extension du vérin, à savoir 6 tenons (4,8 cm). Cela reste modeste, mais la simplicité du dispositif rend l'ensemble infiniment plus fiable et fonctionnel que la configuration avec mini vérin pneumatique et biellettes du remorqueur #42008. La souplesse du vérin pneumatique ne permet pas de définir un déploiement intermédiaire. Mais de toute façon, on n'en a pas forcément besoin vu que l'amplitude maximale est de moins de 5 cm. Le camion dispose enfin de 2 treuils, ce qui là encore constitue une première pour un remorqueur Technic. Les 2 cliquets sont indépendants et simples d'utilisation. La présence de 2 treuils trouve son utilité quand il faut faire pivoter le véhicule immobilisé avant de le tirer, ou pour déplacer un véhicule en l'étreignant plutôt qu'en s'y accrochant. D'autre part, le bras de la barre de remorquage dispose de poulies afin de permettre de tirer un véhicule selon un axe davantage horizontal ; pratique !
Au final, toutes les fonctions sont satisfaisantes. Malgré leur nombre important, tous leviers et molettes sont très simples d'utilisation car accessibles et positionnés à des endroits intuitifs, ce qui aboutit à une jouabilité incommensurablement plus confortable que le remorqueur #42008. On profite donc pleinement des 10 fonctions, d'autant plus que les contraintes entre les fonctions sont presque inexistantes (nécessité de sortir du câble pour étendre le bras, c'est tout). En ce qui concerne la conception globale, le set est un peu plus maladroit. En considérant les impératifs fonctionnels et de jouabilité, il est possible d'émettre tout un tas d'hypothèses pour justifier l'utilisation de vérins mécaniques ou pneumatique sur telle ou telle fonction. En réalité, la justification entre l'un ou l'autre système semble bien plus terre à terre : s'il est possible d'intégrer une transmission mécanique alors le set utilise autant que possible des vérins mécaniques, sinon, il utilise des vérins pneumatiques. Et s'il est vrai que ce mix de vérins pneumatiques et mécaniques peut se justifier par l'impossibilité de tout baser sur un seul des 2 systèmes, il n'est jamais la panacée en terme de cohérence technologique. Un peu comme si un set avait des fonctions motorisées par du Power Functions et d'autres par du Powered Up. Ce set permet également de voir comment les fonctions ont un impact sur le design. C'est typiquement le cas vis-à-vis de l'essieu relevable. Le mécanisme consomme un volume important dans le châssis au dessus des roues, ce qui empêche le mécanisme de rotation du bras - et donc la turntable - d'être intégré plus en profondeur. En d'autres termes, l'essieu relevable réhausse l'intégration du bras et contribue à ses proportions quelque peu fantaisistes.
Ce remorqueur ne renferme pas une complexité extraordinaire. Mais avec 10 fonctions, cela débouche forcément sur une certaine dose de pièces techniques. En premier lieu, on a une pompe, 3 vérins pneumatiques, 3 switchs et 6 mini vérins mécaniques. Concernant les pièces dentées, on en a 67, avec notamment 2 différentiels, 2 roues folles, 2 vis sans fin, une turntable et une crémaillère 14L. Enfin, on trouve 14 cadres Technic, 2 CV joints, 2 cardans, 8 roues, une métapièce pour le bras et 33 éléments de carrosserie.
L'inventaire des pièces est disponible ici.
Il est évident que ce camion remorqueur a des lacunes : un design perfectible à l'arrière et un manque de cohérence technique. Mais le look sensationnel de toute la cabine et la jouabilité incroyable du modèle suffisent à en faire une réussite. Du côté de l'inventaire, le modèle offre aussi pas mal de possibilités pour bricoler à l'envi.