Chargeuse sur pneus #8265
- Référence : #8265
- Nom du modèle : Chargeuse sur pneus
- Nombre de pièces : 1061
- Année : 2009
- Dimensions : 47 x 16 x 20
- Designer : Markus Kossmann
- Niveau de difficulté : 4/5
- Note du modèle principal : 5/5
- Note du modèle secondaire : 3/5
Ce qui interpelle immédiatement quand on voit cette chargeuse pour la première fois, c'est sa taille. Elle est très grosse, très longue, surtout quand on la compare à son prédécesseur, le #8439. Les formes angulaires renforcent le caractère imposant du set et lui confèrent un design musclé. Devant, le bras est pourvu de poutres studfull, ce qui lui donne de la consistance et rappelle que ce jouet est un Lego. Sur le capot, derrière la cabine, le studfull est réutilisé, mais de façon plus timide. En effet, on a quasiment que des tiles, et donc peu de tenons. Dommage. Ceci dit, il faut quand même rendre honneur au designer du modèle qui n'a utilisé qu'un élément de carrosserie. Cela devient assez rare pour être souligné, qui plus est sur un engin de plus de 1000 pièces.
Cette chargeuse a un niveau de détail très élevé. Commençons par l'intérieur de la cabine. On a un siège (bleu, cela va sans dire ;-)) équipé de 2 accoudoirs et un volant. Ce dernier est non fonctionnel, contrairement au #8439. Extérieurement, la cabine est très bien finie. Les montants faits avec des axes sont fins et donc crédibles. Le toit possède 2 slopes curved, ce qui lui confère une certaine finesse. Quant aux 2 connecteurs Technic jaune en biais, ils ne sont pas si gênants. Au contraire, le 20t noir servant à manipuler la direction n'est pas très reluisant, surtout quand on pense qu'il pourrait y avoir un joli gyrophare à la place... Les rétroviseurs sont simples et bien positionnés. De part et d'autre de la cabine, les plates-formes s'intègrent parfaitement au véhicule. Les gardes-corps procurent aussi à la chargeuse un réalisme étonnant. C'est vraiment beau, à ceci près qu'il y a une assymétrie indésirable : la barrière droite est plus courte que la barrière gauche. La firme danoise aurait quand même bien pu prendre la peine de produire des axes impairs noirs. Plus bas, il y a de grosses métapièces gris foncé. Je ne sais pas exactement ce qu'elles représentent. Disons qu'elles permettent d'habiller les bords sans trop se casser la tête. Mais de chaque côté, entre cette pièce et la roue, un vide demeure. Il aurait donc été plus joli d'avoir un vrai montage fait de briques, quitte à ce que se soit plus compliqué à mettre en œuvre. Côté gauche, on a en plus une échelle pour accéder à la cabine. Elle est fixée par le haut seulement. Alors forcément, elle peut pivoter autour de son point de fixation. Devant la cabine, on a des feux. Ils sont les bienvenus, cependant, le fait d'avoir mis des connecteurs jaunes et des feux carrés est un choix bien curieux, car en désaccord total avec le reste du set.
L'arrière de la chargeuse a été soigné. On a des feux stops, des feux de recul et des clignotants. La calandre est convenablement faite. Elle camoufle bien la molette noire qui se fond sans difficulté avec les autres pièces. Dessous, le pare-choc gris foncé est bien large et contribue au look costaud du modèle. Il est juste regrettable qu'il y ait un petit décrochement, à cause de l'angle de cette poutre coudée différent de celui de cette poutre-ci. Passons. De chaque côté, on retrouve des gardes-corps. Pour mieux les fignoler, je les ai prolongés jusqu'aux garde-boue. Et en dessous du pare-choc, on a même des marchepieds. Tout ça pour dire que notre chargeuse sur pneus a très fiere allure. Le capot moteur, qui accueille une cheminée, est très propre et laisse le moteur bien visible. Malheureusement, son ouverture contraint à laisser un espace de 2 tenons entre lui et la cabine.
Enfin, terminons cette analyse du design avec quelques mots sur les proportions et formes générales. Alors autant le dire tout de suite : tout n'est pas rose. Car si certains points comme le long porte-à-faux à l'arrière sont de franches réussites, au contraire, les vérins mécaniques sont la cause de bien de soucis... Sans parler de leur couleur grise nettement moins chatoyante que le jaune des vérins pneumatiques, les vérins mécaniques posent un problème majeur vis à vis du design du set : ils sont trop longs. Cette longueur excessive n'est pas tant due aux vérins eux-mêmes, mais aux 6 tenons nécessaires pour les fixer et leur amener un axe. Alors, ils se retrouvent dans une position un peu trop éloignée de l'articulation centrale. De même, l'espace présent entre le godet et le bras est important. Tout cela concourt à ce que la partie avant paraisse trop longue et un peu dépouillée lorsque le bras est levé. Par ailleurs, lorsque le véhicule braque complètement d'un côté, un vide se révèle du côté opposé, au niveau de l'articulation. Malgré tout, ce #8265 reste un beau set, c'est indéniable.
Les mécanismes de notre engin de chantier utilisent énormément de pignonerie. La direction, on la manie par le 20t noir situé sur le toit de la cabine. Après l'axe qui descend dans le châssis, on a 2 réductions successives : d'abord un 12t avec un 20t, puis, un 8t avec un 24t. A partir de là, une biellette noire va pousser ou tirer la longue poutre jaune présente à droite de l'articulation. Lorsqu'elle est poussée, l'engin braque à gauche, lorsqu'elle est tirée, l'engin braque à droite. Le rayon de braquage est de 32 cm, et un peu plus d'un demi tour de molette est nécessaire pour passer d'une position extrême à l'autre. C'est très correct. Même si cette direction est fonctionnelle, elle a plusieurs défauts. Le premier, ce sont les affreux grincements générés par les pins à friction, et plus particulièrement ces broches. C'est extrêmement désagréable à entendre. Les designers Lego aurait pu éradiquer ce problème en mettant tout simplement des pins sans friction aux articulations. De chaque côté, les butées sont assurées par ces axes gris foncé qui dépassent. Là encore, ce n'est pas fameux. Il aurait été préférable d'avoir des butées dignes de ce nom. En outre, la forte réduction donne lieu à une certaine elasticité lorsque l'on tourne la molette de direction. Cela est encore plus vrai lorsque le set est équipé du kit power functions #8293, puisque le modèle est alourdi. L'axe de 5 sur lequel est fixé le 20t et le 8t a aussi tendance à descendre à force de jouer avec la direction. Les 2 essieux ne sont pas non plus équidistants du point d'articulation (alors que c'était le cas sur le chargeur #8439) ce qui induit forcément un "patinage" lorsque l'on effectue un virage. Ce patinage est absorbé par les pneus sur le sol et est indécelable tant il est minime. Mais mécaniquement parlant, il existe. Enfin, il aurait été intéressant d'avoir des biellettes de chaque côté, et un volant fonctionnel. Ca fait beaucoup d'imperfections, certes, mais aucune d'elle n'est réellement problématique.
Le moteur V6 est entraîné par les 2 essieux. On a donc affaire à un véhicule à 4 roues motrices, ce qui est une très bonne chose. Les cellules avant et arrière sont identiques. Leur différentiel sont reliés par des 20t et un axe doté d'un cardan. Notez que les 2 différentiels sont disposés en sens inverse, sous peine de paralysie totale du mécanisme. A l'arrière, 2 autres engrenages de 20 dents et un de 12 font remonter la rotation jusqu'au vilebrequin. Sur celui-ci est d'ailleurs fixé un ventilateur. Le moteur ne tourne pas tellement vite puisque le rapport est de 1:1,4 (les 28 dents du différentiel sur le 20t).
Les 2 autres mécanismes concernent le bras et sont gérés par une boîte à vitesses. Avec la molette noire située à l'arrière du véhicule, on actionne soit le bras, soit le godet. En tournant cette molette, 4 engrenages à 16 dents vont interagir pour entrainer l'axe de la boîte à vitesse. Le levier rouge permet ensuite d'orienter le mouvement sur la fonction voulue.
Quand on tire le levier rouge vers l'arrière, le changeover catch fait coulisser le driving ring vers l'avant. Ce dernier rend solidaires l'axe de la boîte à vitesses et la roue folle sur laquelle il se plaque. Là, un 16t permet de se recentrer pour aborder l'articulation centrale. Un axe comprenant un cardan et un autre 16t vont alors entraîner, de chaque côté, 2 engrenages 16t et une roue folle. Après d'ultimes cardans nécessaires pour s'adapter à l'inclinaison des vérins mécaniques, ces derniers peuvent finalement mettre le bras en mouvement.
Pour faire pivoter le godet, il faut pousser le levier rouge vers l'avant. Cela permet de diriger la rotation sur l'autre roue folle de la boîte à vitesses. Une seconde roue folle et un 16t sont présents respectivement pour recentrer et descendre le mouvement. Et comme dans les précédents mécanismes, un axe avec un cardan permet de franchir l'articulation. Ensuite, il y a beaucoup d'engrenages pour faire remonter la rotation de 8 tenons : 16t, roue folle, 16t, 20t, 12t, et de nouveau 2 engrenages 16t. Une fois arrivé tout en haut, 2 engrenages 12t simple bevel et un 20t simple bevel logiquement situé sur le point de pivot du vérin peuvent actionner ce dernier. Le mécanisme se termine alors par un jeu de poutres en Z. Le rapport de vitesse est un peu plus élevé que dans le mécanisme du bras, car moins de couple est nécessaire. Sinon, lorsque bras et godet sont entièrement repliés, il y a un problème, et pas des moindres : le godet touche le sol. Quand on fait rouler l'engin, ça racle sévèrement...
Et qu'en est-il de la maniabilité ? Elle est bonne quoique imparfaite. Les 2 mécanismes ont de très légères interactions étant donné que le point d'articulation du vérin du godet n'est pas situé sur le point d'articulation du bras, mais un tenon plus en avant (sur le vérin qui bascule le godet, une transmission par cardan aurait vraisemblablement réglé le problème). Ca ne va pas chercher bien loin, c'est sûr, mais dans de rares configurations, les mécanismes coincent un peu. Par exemple, si on lève le bras et le godet au maximum, puis, on baisse le bras (au maximum également), et bien le godet se retrouve bloqué sur la butée faite d'un manchon et d'un pin. Contrairement au chargeur télescopique #8295, tourner la molette de la boite à vitesse est extrêmement facile. Bien que cela soit en grande partie à mettre sur le compte du poids peu élevé du bras plutôt que sur une conception hors paire, il faut bien reconnaître que tourner la manivelle est un plaisir. Certes, avec des rapports de 1:1 pour les vérins du bras et de 1:1,67 pour celui du godet, il faut mouliner (respectivement 26,5 et 15,8 tours), mais qu'importe. Au pire, pour ceux qui trouveraient cela gênant, il est possible de motoriser les fonctions du bras en incorporant le kit power function #8293. Le boîtier à piles vient se loger sous le moteur V6. Le moteur M prend place sous le capot moteur, et le switch dessus. Le modèle aura même des leds ! En outre, on a une petite modification dans les engrenages. A la sortie du moteur M, 2 engrenages 16t sont remplacés par un 12t et un 20t. Ainsi, la vitesse des vérins est optimale et on gère aisément les 2 fonctions. En revanche, il n'y a pas de clutch. A la place des 12t et 20t, on peut facilement mettre un clutch et un 8t, ou un 8t et un clutch. Mais si Lego ne l'a pas fait, il y a bien une raison. Effectivement, dans le premier cas, faute de couple, le moteur cale illico sans faire bouger les vérins d'un millimètre. Et dans le second cas, les mouvements des vérins deviennent terriblement saccadés. Sans système de débrayage, les fins de course font donc caler le moteur M, ce qui est de toute façon préférable aux effroyables craquements internes des vérins mécaniques. Aussi, il est à noter que le look général est presque intégralement préservé malgré la motorisation, ce qui est vraiment une bonne nouvelle.
Le contenu de ce set est sérieusement attrayant. Les 3 vérins mécaniques sont de tout évidence le principal atout du modèle. Les 3 cadres Technic, les 5 cardans, le godet, la cinquantaine d'engrenages dont 2 différentiels, les pièces de boîte à vitesses et les 4 superbes jantes jaunes seront aussi très utiles pour les MOCs. Enfin, les connecteurs et poutres en tous genres, le panneau jaune, ainsi que les quelques pièces studful sont un plus non négligeable.
L’inventaire des pièces est disponible ici.
Au final, ce #8265 est une excellente surprise. Il est beau et très intéressant mécaniquement parlant. Il est vrai que sa jouabilité n'est pas transcendante à l'origine, mais si on ajoute le kit power functions, le modèle devient vraiment jouable. Son inventaire riche en fait également un set de choix pour les MOCeurs. En fait, il offre une très bonne alternative aux vénérables #8439 et #42030. Ensuite, tout est une histoire de goût : préférez-vous un Lego avec de la mécanique, du pneumatique ou des fonctions télécommandées ?