Camion de dépannage #8109
- Référence : #8109
- Nom du modèle : Camion de dépannage
- Nombre de pièces : 1115
- Année : 2011
- Dimensions : 41 x 16 x 17
- Designer : Anders Gaasedal Christensen
- Niveau de difficulté : 4/5
- Note du modèle principal : 4/5
- Note du modèle secondaire : 2/5
D'habitude, lorsque l'on trouve 2 couleurs différentes sur un modèle Technic, il y en a une pour la carrosserie, et une autre pour l'outil. Le set #8258 illustre bien ce schéma. Sur notre #8109, l'approche concernant les couleurs est bien moins courante. En effet, les carénages du véhicule ont 2 couleurs à part entière. Cela colle vraiment à l'esprit du camion de dépannage, qui doit être très visible lorsqu'il intervient, pour des raisons de sécurité évidentes. Ce schéma bicolore, allié à un très haut niveau de détail et des carénages d'excellente facture à tous les niveaux, fournissent au camion des airs d'un set Creator. Commençons par analyser la cabine.
Par rapport à ce qui a déjà été fait par le passé, la cabine (et le camion de façon générale) est plus grosse que des sets tels que les #8292 ou #8052. Cette grande taille permet d'avoir de meilleures finitions, et de cacher le boîtier à piles dans la cabine. La face avant est une réussite totale ! Les 2 calandres noires mêlent à la perfection les grilles, les tenons et les connecteurs Technic pour faire des motifs. C'est impressionnant ! Sur les côtés, le studful et le studless se marient aussi étonnament bien. Le noir de la calandre fait bien ressortir les contours noirs des vitres du véhicule. Sur les côtés, la carrosserie ne présente aucun trou, tantôt grâce à des slopes curved, tantôt grâce à des carénages. Le flex décrivant la forme de la vitre est moyennement convaincant. Sur le toit, le constat est plus mitigé. Sur les bords, rien à redire. En revanche, sur le dessus, de gros trous demeurent. Certes, il faut pouvoir accéder à l'interrupteur du boîtier à piles, mais des trous 2 fois plus petits auraient été les bienvenus. En fait, ce n'est pas gênant en soi, mais cela tranche pas mal avec le reste du design. La molette de direction, elle, ne passe pas inaperçue... Elle est proéminente, grosse, et noire sur un fond jaune. Concernant les détails, le set atteint des sommets ! Calandre, phares, clignotants, marchepieds, rétroviseurs reprenant certaines courbes du camion, rampe gyrophares, et rampes de phares sur le toit. Rien que ça ! Le seul petit bémol concerne les axes rouges visibles dans la rampe de phares. Comme quoi, il faut pinailler pour aller trouver quelque chose à redire. L'intérieur de la cabine est très modeste : 2 sièges, une planche de bord, et un volant. Il n'y a pas besoin de plus étant donné que l'on voit relativement peu l'intérieur de la cabine, du fait des bons carénages et de l'absence de portière. La couleur bleue des sièges attire juste notre attention pour nous signifier que l'intérieur est bel et bien aménagé. Le dos de la cabine n'avait pas tellement besoin d'être soigné non plus, la présence du boîtier à piles et du fond du plateau faisant l'affaire.
Esthétiquement, je ne trouve pas que le plateau soit très réussi. D'accord, il est parfaitement lisse, et c'est très bien. Mais cette énorme surface noire n'est pas réjouissante du tout... Une dominante gris foncé aurait peut-être été mieux. De même, positionner quelques poutres d'une couleur autre que celle du plateau aurait permis de produire des marquages. Là, on se contentera d'une plaque noire, avec un joli liseré jaune. A l'avant du plateau, l'armature est plutôt ratée. Elle s'intègre mal avec la cabine. D'une part elle rompt la logique du rouge en bas et du jaune en haut. Et d'autre part, sa forme ne ressemble à rien. Les panneaux verticaux ne sont guère cohérent avec le design général du camion, et sur le haut, le prolongement avec le toit est mauvais. Je pense qu'il aurait été plus judicieux de faire une armature de plus petite taille (6 tenons de haut), afin de simplement confiner le treuil et habiller l'avant du plateau.
Sous le plateau, le châssis du plateau a été exécuté avec beaucoup de soin. Tout d'abord, à aucun endroit on a de couleur disgrâcieuse. C'est rouge, et rien d'autre ! Sur les côtés, les carénages sont superbes. La forme qu'ils donnent est arrondie, comme à plusieurs endroits sur la cabine. A l'arrière, on a un espace vide sous le plateau. Ce n'est pas très joli, mais il n'était pas possible de faire autrement ; le plateau bascule à cette endroit. Malgré cette contrainte de taille (basculement du plateau), les designers ont su trouver des solutions pour soigner le design. Tout d'abord, la plateforme de remorquage est quasiment indécelable. En gris clair, elle pourrait presque passer pour un pare-choc. Un tenon plus haut, quelques pièces de couleur rouge suffisent à réaliser un semblant de carénage. Il est à noter que ce simple connecteur d'angle Technic définit la forme du passage de roue. Visuellement, il apporte beaucoup. Sur la face arrière, on a les classiques feux de recul, stops, et clignotants. En somme, il y a juste ce qu'il faut. Et compte tenu de la technicité de la mécanique à l'arrière du camion, je vous garantis qu'avoir de telle finitions relève presque du miracle ! Par ailleurs, on remarquera que les roues du camion sont un peu petites par rapport à la taille du châssis et de la cabine. Malheureusement, impossible d'en mettre des plus grandes.
Ce set a beau avoir autant de pièces que l'excavatrice #8043, il n'a que 3 fonctions (le treuil compte pour du beurre). Et autant le dire tout de suite, il n'y a pas de moteur factice par manque de place. Alors, vaste fumisterie ou éclair de génie en perspective ? Avant d'y répondre, penchons nous sur la direction. Elle est actionnée par la molette sur le toit. Après un renvoi d'angle fait de 2 knobs pour obtenir un axe vertical, un 12t fait coulisser une crémaillère 7L. Rien de plus classique. Le rayon de braquage est de 49 cm. C'est dans les normes, si on considère la taille du véhicule. Grâce à la bonne préhension de la molette et malgré le poids de la cabine, la direction s'actionne facilement.
Il y a 2 fonctions motorisées pour le remorquage. La première, c'est la plateforme de remorquage qui se déploie. La seconde, c'est le plateau qui se baisse. Tout commence au niveau du moteur M. Un 8t s'engrène avec un 24t, lui-même lié à un clutch fonctionnel pour les 2 fonctions car situé avant la boîte à vitesses. Le clutch fait tourner l'axe de la boîte à vitesses, et c'est seulement ensuite que le mouvement est orienté sur la fonction choisie. Et là, à l'instar de la pince du camion benne #8479, on a affaire à 2 fonctions d'anthologie !
Pour sortir la plateforme de remorquage, il faut pousser le levier de vitesse vers l'arrière. Alors, le changeover catch pousse le driving ring vers l'avant, rendant la roue folle avant solidaire de son axe. Elle entraine alors un 16t, puis un 20t tan situé sur le même axe. Ce dernier transmet le mouvement à un 12t, sous le camion. Après un long axe, une vis sans fin et un engrenage 24t réduisent considérablement la vitesse, tout en assurant l'irréversibilité du mécanisme. Jusque là, la réduction est de 216:5. De part et d'autre du 24t, 2 engrenages à 12 dents vont faire coulisser les longues crémaillères 13L vers l'arrière. Sans être simple, le cheminement mécanique reste jusque là similaire à ce que l'on peut trouver sur d'autres sets. Ceci étant dit, pour notre plus grand plaisir, ça va se gâter... Une fois la plateforme dégagée de dessous le châssis, une biellette noire va buter contre un axe Technic gris clair. La plateforme continuant à sortir grâce aux crémaillères, cette biellette jusque là plaquée grâce à un élastique, va petit à petit basculer, grâce à la butée. En pivotant, cette biellette génère un mouvement de rotation qui va être utilisé par la plateforme de remorquage. Avec un 20t simple bevel et 3 autres engrenages à 12 dents, la plateforme va pouvoir pivoter sur 180°. En fin de course, ces pièces en L, qui s'accrochent sur la butée, font remonter légèrement la plateforme, et assurent un bon maintien de la position, pour peu d'atteler une charge raisonnable. Pour rentrer la plateforme, le processus est le même, mais en sens inverse. Il faut 15 petites secondes pour sortir la plateforme en entier. Mécaniquement, cette fonction est donc remarquable. Visuellement, elle est tout aussi bluffante de réalisme. Les mouvements de translation et de pivotement s'enclenchent au bon moment, procurant à la cinématique une crédibilité rarement vu dans un set Lego. Le seul point faible du camion vis à vis de cette fonction réside dans le manque de renforts transversaux. Les mécanismes des 2 fonctions motorisées prennent beaucoup de place, et empêche de mettre des poutres dans le sens de la largeur. Ainsi, certains pièces pas guidées de façon optimale peuvent s'accrocher ici et là, produisant de minuscules saccades dans les mouvements. Cependant, devant les qualités de la fonction, ce désagrément est vraiment insignifiant. Le fait que la plateforme ne soit pas articulée (à l'instar du remorqueur #8285 par exemple) peut également gêner pour manœuvrer avec un véhicule tracté. Mais on ne peut décidément pas reprocher cela aux designers vu la mécanique complexe déjà embarquée.
La seconde fonction motorisée concerne les mouvements du plateau... mais pas seulement ! Cette fois-ci, il faut pousser le levier de vitesse vers l'avant. La roue folle arrière s'engrène donc avec un 16t. Attention, l'axe de ce 16t est bien distinct de celui de l'autre 16t gris clair. Dans le pin joiner jaune, l'axe est scindé. Après ces 2 premiers engrenages, on trouve un 12t, un 20t, et un nouveau 12t pour transmettre le mouvement sous le camion. Une vis sans fin agit alors sur un 24t et offre les mêmes avantages que dans la première fonction (réduction et irréversibilité). Pour finir avec les engrenages, un pignon 8t fonctionne avec un nouveau 24t (réduction de 216:1). De grandes bielles rouges peuvent alors se dresser, et faire basculer le plateau vers l'arrière. Non seulement le plateau bascule, mais il va aussi coulisser sur l'armature gris clair, afin de réellement aller au près du sol, et donc faciliter le chargement. Comme si cela ne suffisait pas, les designers ont voulu faire mieux. Lorsque l'armature gris clair bascule, elle entraîne les 2 essieux arrières et les fait remonter. Autrement dit, pour que le plateau atteigne le sol, le châssis du camion se baisse lui aussi. Epatant, n'est-ce pas ? Mais encore mieux : afin d'avoir un poids bien réparti lors de l'abaissement du châssis, l'essieu arrière se lève davantage que l'essieu central, grâce à une géométrie de biellette soigneusement étudiée. C'est absolument stupéfiant de voir qu'un tel mécanisme ait pu être fait dans un châssis de seulement 5 tenons de haut ! Comme pour l'autre fonction, il faudra une quinzaine de secondes pour actionner le mécanisme en totalité. A la remontée, tout s'enchaîne bien, pas de problème. En outre, on ne décèle aucun problème de manque de rigidité sur les 2 essieux arrières quand on utilise le camion normalement. En fait, le seul défaut de cette fonction est que, si elle est techniquement bluffante, finalement, l'abaissement du châssis n'est guère visible. Quelqu'un qui ne connait pas les fonctions du camion et qui regarde le plateau se baisser avec une attention moyenne ne verra vraisemblablement pas le châssis bouger. Dommage. Néanmoins, ce mouvement doux et de faible amplitude (8 mm pour l'essieu central, 10 pour l'essieu arrière) est très réaliste. Abaissé au maximum, le bord du plateau est à un demi millimètre du sol... Prodigieux !
La dernière fonction du set est peu excitante par rapport à ce que l'on vient de voir. C'est un treuil. On le manie par la molette située côté droit. Il est équipé d'un cliquet qu'il faut lever pour dérouler le câble. D'ailleurs, le cliquet n'est pas très solide. Un montage avec cette pièce en caoutchouc aurait été appréciable. Le câble, lui, possède assez de longueur pour aller accrocher un véhicule au delà de l'extrémité du plateau.
L'inventaire n'est pas exceptionnel. Mis à part les éléments de carrosserie, il n'y a pas vraiment de pièces rares, mais une grande variété de pièces standards. Les pièces que l'on retiendra sont donc 20 carénages (6 noirs, 4 rouges, et 10 jaunes), pas mal de pièces transparentes (feux), quelques pièces studful, quasiment tous les engrenages qui existent (8t, 16t, 24t, clutch, roue folle, 12t, 20t, simple bevel, double bevel, vis sans fin, knob, et crémaillère 7L et 13L), 2 flexs, 1 cadre Technic, 1 changeover catch, et 1 driving ring. Après, il y a bien le moteur M et le boîtier à piles. Mais ça, c'est presque devenu la norme...
L'inventaire des pièces est disponible ici.
Alors finalement, que retient-on de ce modèle ? De prime abord, on se dit qu'il y a une entourloupe : 1115 pièces, et 3 fonctions, ça ne présage rien de bon. Mais quand on étudie un temps soit peu le set, force est de constater que ce modèle est un concentré d'innovation. Oui, il n'a que 3 fonctions, mais quelles fonctions ! Les cinématiques des 2 fonctions de remorquage figurent incontestablement parmi les plus belles jamais créées par Lego. Et rien que pour ça, ce set mérite une attention toute particulière.