Excavatrice #8043
- Référence : #8043
- Nom du modèle : Excavatrice
- Nombre de pièces : 1123
- Année : 2010
- Dimensions : 47 x 18 x 22
- Designer : Anders Gaasedal Christensen
- Niveau de difficulté : 5/5
- Note du modèle principal : 5/5
- Note du modèle secondaire : 4/5
Visuellement, comme souvent pour les engins de chantier, Lego a réussi son coup ! Le châssis est proprement fait et les chenilles parfaitement tendues. Sur les côtés, de longues pièces studful noires font un très bel habillage, en plus de nous apporter quelques tenons. Car il faut reconnaître que sur le reste du modèle, ils ne sont pas légion... Entre les chenilles, on a la transmission à l'avant. Celle-ci nuit un peu au vide qu'il est sensé y avoir entre les 2 extrémités des chenilles. Ceci dit, il faut bien que la transmission passe quelque part. A l'arrière, on a bien ce vide caractéristique, la transmission n'étant présente qu'à l'avant. En outre, les engrenages tan sur le châssis tranchent pas mal avec le reste des couleurs utilisées. Personnellement, ça ne me choque pas plus que ca, surtout quand on se remémore le #8295 !
La tourelle est de toute beauté ! Le pourtour est magnifiquement bien caréné. Les éléments de carrosserie donnent des formes arrondies tout en douceur. A l'arrière, on retrouve cette logique avec des belles slopes et un carénage noir peu visible qui prouve que les designers Lego ont soigné leur travail jusque dans les moindres détails. Tout du long court une ligne noire qui n'est pas sans rappeler les excavatrices JCB ou Caterpillar. Ce marquage est d'autant plus appréciable qu'il est reproduit avec de vraies pièces ; exit les stickers ! Même si on sent qu'a des endroits comme le coin avant droit ou le côté gauche de la cabine il a été plus difficile de caréner, la carrosserie de notre pelle a beaucoup de finesse, c'est indéniable. La hauteur de la tourelle qui diminue vers l'arrière est encore une illustration de cette finesse.
Sur le dessus, la tourelle est nettement plus dépouillée. Mais à mes yeux, ce n'est absolument pas un défaut, et ce pour plusieurs raisons. La première est que cela permet de voir la mécanique. Et en lisant la partie "Fonctionnalités", vous verrez que c'est un véritable festival là dedans ! La seconde est que l'absence de carénage permet d'avoir une certaine variété dans les couleurs (un peu de noir, de gris), ce qui n'est pas une mauvaise chose. La troisième raison est technique : le levier rouge et les engrenages rendent difficile la mise en place d'un hypothétique carénage. Il faut noter que le volumineux boîtier à piles est divinement intégré. Il contribue même au design en reproduisant un capot moteur.
La façon dont la cabine est construite est assez simple : elle est principalement composée de 2 poutres coudées jaunes et 4 flexs. Cette simplicité permet pourtant d'avoir un design réussi en tous points. En effet, à l'instar des grosses pelles produites par Caterpillar, la cabine est bien encastrée dans la tourelle, ce qui procure à notre #8043 un design bien trapu. Les flexs, eux, apportent des formes très crédibles et subtiles telles qu'on en trouve sur une pelle JCB. Le siège est traditionnellement bleu, et les détails ne sont pas en reste, loin de là : 2 paires de leviers de tailles différentes, un gyrophare et un marchepied. A l'extérieur, les détails sont moindres puisque l'on n'a qu'une cheminée et 2 feux rouges sur la face arrière. Néanmoins, l'absence de carénage sur le dessus assure un rendu fouillé qui pallie en partie ce manque de détails.
Le bras peut paraître moins soigné par rapport au niveau de réalisation de la tourelle. Cela est surtout vrai au niveau de la seconde articulation : elle est large et vide. Les cadres gris ne sont pas très heureux eux non plus. Au contraire, les carénages jaunes sont positionnés avec ingéniosité et les axes des vérins mécaniques habilement camouflés comme sur la #8294. Donc compte tenu de spécificités techniques auxquelles il doit répondre, je serais tenté de dire que le bras est plutôt réussi dans son ensemble. Par contre, pour le godet, ça coince ! Clairement, il n'est pas approprié à l'excavatrice. Il est trop large et son fond n'est pas arrondi. On voit bien que c'est un godet de chargeur qui a été recyclé. Il contribue malgré tout à donner un look imposant à cette pelle dont le design général est admirable.
La mécanique étant au moins aussi complexe que sur le #8258, il convient avant tout de planter le décor. Cela facilitera mes explications et votre compréhension. Pour cela, je vais nommer M0, M1, M2 et M3 les 4 moteurs M de droite à gauche. Les 6 fonctions de l'excavatrice ont pour origine M0 qui actionne une boîte à vitesses. L'axe de M0 entraine 2 engrenages 16t (il est fortement conseillé de ne pas mettre de connecteur à friction comme l'indique la notice), puis, un renvoi d'angle composé de 2 knobs permet d'agir sur un axe où sont disposés 3 changeover catchs. Cela suppose un rapport de 1:1 qui assure un changement de vitesse en un rien de temps ; idéal pour la jouabilité. Sur chaque boîte à vitesses, le changeover catch fait coulisser un driving ring qui vient se coller contre une roue folle, et donc rendre cette dernière solidaire de l'axe sur lequel elle est glissée. Avec M0 (à gauche sur la photo où l'on voit les 4 moteurs), on peut ainsi choisir entre 2 modes : soit les moteurs M1, M2 et M3 permettent de diriger l'excavatrice et faire tourner la tourelle, soit ils permettent de manier le bras.
Je vais commencer par détailler les fonctions permettant de diriger l'excavatrice. Pour actionner la chenille gauche, il faut que le driving ring de M2 soit vers l'arrière. Alors, la roue folle peut, grâce à driving ring extension, entraîner un 16t. L'axe de celui-ci a, à son autre extrémité, un engrenage 12t noir qui interagit avec une 20t tan juste au dessus. Un renvoi d'angle fait d'un 12 simple bevel et d'un 20t simple bevel tans permet de rejoindre l'axe qui passe au centre de la turntable. Une fois arrivé dans le châssis, on trouve une cascade d'engrenages pour que la rotation parvienne jusqu'au barbotin avant de la chenille gauche. Dans l'ordre on a 2 engrenages 12t pour le renvoi d'angle, 2 engrenages 16t et un 8t avec un 24t pour se rapprocher de la chenille, et enfin un renvoi d'angle 12t/20t pour effectivement faire tourner le barbotin. Tout cet attirail aboutit à une réduction finale de 125:9.
Pour faire tourner la chenille droite, le chemin est différent, mais pas plus simple. Tout commence à partir de M3. Le driving poussé vers l'arrière permet à l'axe de la boîte à vitesses d'entraîner successivement une roue folle et un 16t. L'axe de ce 16t actionne un 12t noir qui va lui même s'engrener avec un 20t tan juste au dessus. Derrière la cabine, c'est un renvoi d'angle 12t/20t simple bevel qui prend le relais pour amener un axe jusque sous la tourelle. Là, 3 engrenages 16t premettent de recentrer la rotation sur la turntable. La dernière des 16t précédentes est une roue folle : elle est disposée sur l'axe utilisé pour mouvoir la chenille de gauche, mais n'interagit pas avec cet axe afin que les 2 chenilles demeurent totalement indépendantes. Cette roue folle transmet donc le mouvement tout autour de l'axe de l'autre chenille en utilisant le formidable complexe roue folle/driving ring extension/driving ring/roue folle apparu pour la première fois sur le #8258. A partir de là, il est nécessaire de se redécaler de l'axe de la turntable avec un 16t. La mécanique présente dans le châssis est ensuite similaire à celle que l'on avait pour la chenille gauche : un renvoi d'angle avec 2 engrenages 12t, un 8t couplé à un 24t, et pour finir, un renvoi d'angle fait de 2 engrenages simple bevel. Ca y est, après ce long périple, la chenille droite peut tourner. Bien évidemment, la réduction est identique à celle de la chenille gauche (125:9). La direction se fait de la même façon que sur le bulldozer #8275, c'est-à-dire en ayant des vitesses de rotation différentes sur chaque chenille. Les déplacements de l'excavatrice sont excellents. Certes ils sont lents, mais il faut réduire la vitesse des moteurs M pour avoir du couple. En terme de franchissement, notre engin s'en sort honorablement en passant aisément dans des terrains biens défoncés. La pelle ne peut pas franchir des obstacles à proprement parler, mais ça tombe bien, car cette #8043 n'est pas un trial truck ! ;)
La rotation de la tourelle est gérée par M1. Poussé en arrière, le driving ring peut actionner une roue folle qui elle-même s'engrène avec un 16t. Au bout de l'axe de celui-ci, un 20t tan interagit avec un 16t légèrement décalé sur la droite. S'en suit une vis sans fin qui, couplée à un pignon 8t (non visible sur la photo) va produire un axe vertical. Et c'est cet axe qui, au moyen d'un nouveau 8t, va permettre à la tourelle de tourner. Dans ce mécanisme irréversible même s'il est débrayé (la vis sans fin étant toujours présente), on a une réduction conséquente de 224:5 due à la présence d'une vis sans fin et d'un 8t sur la couronne de la turntable. Malgré cette réduction, le mouvement est un brin trop rapide ; surtout par rapport aux 5 autres fonctions (à moins que ce ne soit les autres fonctions qui soient trop lentes ?). Par ailleurs, il faut noter 2 choses. D'abord, la turntable doit être retournée afin que sa rotation puisse être générée depuis la tourelle. Et ensuite, la turntable tient très bien le poids de la tourelle, quelle que soit la position du bras.
Pour manier le bras, il faut changer de mode : avec M0, on bascule les 3 changeover catchs des boîtes à vitesses ce qui a pour effet de réorienter les mouvements des 3 moteurs M1, M2, et M3. Commençons par l'articulation principale. Elle est gérée par M2. Lorsque M2 tourne et que le driving ring est poussé vers l'avant, 2 roues folles peuvent tourner. Le mouvement de rotation est alors remonté jusqu'au dessus de l'excavatrice, au centre, avec 2 engrenages à 16 dents. L'axe entraîné file vers l'avant, et passe sous le bras. Sur ce, on a 3 engrenages successifs pour descendre la rotation de 4 tenons : un 12t noir, un 20t tan, et un autre 12t noir (ce dernier est non visible sur les photos). Le pignon 12t noir le plus bas va séparer le mouvement en 2 en faisant tourner de part et d'autre 2 engrenages 20t tans. A la suite de ceux-ci, on trouve des engrènements classiques pour passer l'articulation. Les bases de vérins mécaniques servent de cages pour avoir une transmission solide qui passe par l'axe de pivot des vérins. Concrètement, pour chaque vérin, on compte deux 12t et un 20t simple bevels. Le 20t a la particularité d'être libre, et ce afin de limiter l'impact des frottements dûs à la pression du poids du bras sur l'axe de pivot. La réduction engendrée par tout cette mécanique est de 5:3. C'est davantage que pour les autres mouvements du bras (vous le lirez dans la suite de la review). Les 3 mouvements n'ont donc pas la même réduction : la première articulation a besoin de beaucoup de couple pour lever le bras. Par conséquent, la vitesse obtenue est moins élevée ; le rapport couple/vitesse demeure satisfaisant, mais la montée du bras est tout de même laborieuse lorsque celui-ci est étendu au maximum.
C'est le moteur M3 qui commande la seconde articulation du bras. Le driving ring se plaque contre le driving ring extension pour entraîner la roue folle. Après, 2 autres roues folles déportent la rotation sur la droite, et ce sont 2 engrenages à 16 dents qui font remonter tout ça sur le haut de la tourelle. La configuration des engrenages au niveau de l'articulation est strictement identique à celle présente sur les vérins jumelés (12t, 20t libre et 12t simple bevels). Un axe, oblique grâce à la présence de 2 cardans, va alors permettre de recentrer le mouvement pour atteindre le vérin mécanique, avec un 3ème cardan. Le rapport est de 1:1, ce qui est plutôt bien vu étant donné que cette articulation ne requiert pas un couple important. En conséquence, la vitesse obtenue est optimale.
Le pivotement du godet est contrôlé par le seul moteur auquel je n'ai pas encore attribué 2 fonctions, à savoir le moteur M1. Cette fonction est celle qui présente le cheminement le plus simple. Le driving ring, par l'intermédiaire d'un driving ring extension, va entrainer la roue folle située sur le même axe. Le mouvement va pouvoir remonter directement avec 2 engrenages à 16 dents (dont une roue folle). Pour pénétrer dans le bras, le procédé est le symétrique de celui de la fonction précédente (toujours avec les 12t, 20t libre et 12t simple bevels). L'axe se faufile alors plus ou moins comme celui servant pour la seconde articulation, à ceci près qu'il va devoir atteindre la seconde partie du bras. Pour ce faire, les designers Lego y sont allés à grands renforts de cardans (5) ! De toute façon, je ne vois pas trop comment il est possible de faire autrement, tant la place dans le bras est restreinte. Toujours est-il que ça fonctionne bien, et c'est de loin le principal. En bout de course, l'arrêt brutal du vérin du godet a tendance à faire vriller quelque peu bras. Ceci dit, il n'y a rien de bien méchant. Le rapport est de 1:1.
Maintenant que l'on a étudié toutes les fonctions en détails, il est temps d'analyser la façon dont le set fonctionne dans son ensemble. Les chenilles, bien que lentes, passent sur tout terrain raisonnablement difficile au vue de la taille de notre #8043. Des galets porteurs montés sur balanciers auraient été un plus pour franchir de petits obstacles. Lors des déplacements, le bras vibre pas mal mais il n'est guère possible d'éviter cet écueil avec un tel set. La vitesse de rotation de la tourelle peut surprendre par rapport aux autres mécanismes. Cependant, cette vitesse soit disant élevée fournit un avantage non négligeable : elle est à très peu de chose près identique à la vitesse de rotation du châssis, en sur place. Ainsi, on peut repositionner le châssis dans la bonne direction sans modifier la position de la tourelle. C'est extrêmement pratique ! Quant aux manœuvres avec le bras, elles se font vraiment sans aucun soucis. Les 3 mouvements sont bien indépendants. Toutefois, les possibilités de terrassement ne sont pas aussi bonnes qu'escomptées. En fait, les dents du godet peuvent au grand maximum descendre 8 cm en dessous du niveau du sol. Ce n'est pas énorme, et qui plus est regrettable quand on sait que la #8294 peut descendre 11,5 cm en dessous du niveau du sol, et que l'on constate la hauteur à laquelle le bras de la #8043 peut monter... Malheureusement il n'est pas possible de fixer différemment les tiges des vérins de l'articulation principale sans que le 12t noir du mécanisme de l'articulation n'entre en contact avec les bases gris foncé de vérin mécanique des autres fonctions du bras. Ce long bras a quand même une portée de 34 cm (distance mesurée entre les dents du godet et les chenilles, lorsque la tourelle est droite), ce qui est respectable.
Même s'il est impossible de faire fonctionner le bras avec les chenilles ou avec la rotation de tourelle, le choix opéré par les designers Lego consitant à faire 2 triplets de fonctions semble bel et bien le plus intelligent. Cela nous gratifie d'une mécanique ahurissante tout en limitant le nombre de moteurs utilisés. Après avoir pelleté, on a envie de directement faire tourner la tourelle... Or, il faut d'abord se servir du levier rouge de la télécommande pour changer toute la transmission (le levier rouge sur l'excavatrice n'est qu'un indicateur et n'est jamais utilisé manuellement). Mais on s'y fait très vite, et on est bien rapidement obligé d'admettre que la maniabilité est extraordinaire ! Et pour rendre les choses encore plus agréables, il est conseillé d'inverser sous le châssis le pignon 12t tan de la chenille droite afin que cette fonction et la seconde articulation (également commandée par M3) fonctionnent dans un sens logique quand on pousse ou tire le levier sur la télécommande. Quant à la fluidité des mouvements, elle est impressionnante, surtout pour le bras et la tourelle. Vous l'aurez sans doute remarqué, le modèle n'a pas le moindre clutch, même pour la motorisation des boîtes à vitesses dont les courses sont très réduites. Toutes les fins de course se font en faisant caler le moteur. Cela ne pose pas de problème : le moteur M n'est pas assez puissant pour déformer quoi que ce soit. Aussi, cette solution est préférable aux affreux craquements des vérins mécaniques. Pour finir, le boîtier à piles est très facile à retirer en otant la cheminée et poussant un petit levier jaune.
L'inventaire de notre excavatrice #8043 est dans le même esprit que celui du bulldozer #8275. Pourtant, force est de constater que le bulldozer est surpassé par l'excavatrice ! Cette dernière n'a peut-être pas de moteur XL, mais elle a 4 moteurs M, 2 récepteurs infrarouges, un boîtier à piles et 2 télécommandes. Là où la #8043 fait encore la différence, c'est sur ce qui accompagne les pièces power functions : 4 vérins mécaniques, 71 engrenages dont 2 knobs, une vis sans fin et 18 roues folles, 3 changeover catchs, 4 driving rings, 4 driving ring extensions, 8 cardans, 4 barbotins, un godet, 76 éléments de chenille, une turntable, 3 cadres Technic (1 et 2), 17 éléments de carrosserie jaunes et un noir, pas mal de poutres jaunes et noires, et plusieurs connecteurs réellement intéressants. Ca en fait du monde, n'est-ce pas ?
L'inventaire des pièces est disponible ici.
Indéniablement, Lego a concrétisé le rêve de nombreux fans en réalisant une excavatrice entièrement commandée à distance. Il en résulte d'un set tout simplement exceptionnel qui se classe parmi les plus beaux modèles que la firme danoise a produit depuis la création des Lego Technic en 1977. Avec un set comme celui là, Lego démontre à nouveau la puissance de sa brique et nous rappelle sa devise : "seul le meilleur est assez bon".