Grue treillis sur chenilles Liebherr LR 13000 #42146
- Référence : #42146
- Nom du modèle : Grue treillis sur chenilles Liebherr LR 13000
- Nombre de pièces : 2883
- Année : 2023
- Dimensions : 114 x 29 x 96
- Designer :
- Niveau de difficulté : 2/5
- Note du modèle principal : 3/5
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Avec cette grue treillis, Lego tente de reproduire la Liebherr LR 13000 qui est le plus gros modèle du constructeur allemand. Et s'il est coutume de dire que les Lego ont vocation à susciter de l'imagination, on verra que cette #42146 en est la parfaite illustration. Tout commence au niveau du châssis. A l'avant, l'espace entre les 2 chenilles est assez bien dégagé quoi dépourvu d'une petite échelle d'accès. C'est plus encombré à l'arrière du fait de la motorisation, mais cela n'est visuellement pas trop pénalisant étant donné que cette partie de la grue est souvent cachée par les contrepoids. Les flancs des trains de chenilles sont plutôt bien habillés. Là où les choses se gâtent, c'est sur les chenilles elles-mêmes. Notre #42146 aurait été beaucoup plus fidèle si ces éléments de chenilles avaient été utilisés afin d'avoir un rendu plus lisse. Aussi, les barbotins sont trop grands. Pour correctement reproduire la forme trapézoïdale des trains de chenilles de la vraie grue, il fallait impérativement que les extrémités soient plus petits. Gageons que les grands barbotins sont un choix dicté par la nécessité de faire passer au sol le couple délivré par les moteurs de la propulsion.
Comme sur bon nombre de véhicules de chantier, la tourelle est en principe l'endroit où l'on retrouve tous les petits détails et les finitions. Sur la partie avant gauche, on a une cabine très correcte avec un gyrophare. Les quelques projecteurs et la rambarde de sécurité sont aussi les bienvenus. Pour le reste, le set déçoit énormément. Il n'y a vraiment rien à se mettre sous la dent. Là où sur la Liebherr R 9800 #42100 on avait plein de détails, passages et capots moteurs, notre #42146 est à l'agonie... On a tout au plus un échappement, un habillage à redan gris qui paraît mal bricolé, et un carénage jaune complètement fadasse. A l'arrière, vers les contrepoids, les enchevètrements de poutres n'ont pas davantage d'intérêt. Lego avait clairement les moyens de faire une plus jolie tourelle en rajoutant diverses plateformes, rambardes et autres détails.
Sur les différentes flèches, et pour peu d'avoir bien croisés les éléments gauches et droits lors de la construction, l'effet treillis est bien rendu. Il est toutefois dommage que de tels éléments de finition soit réalisés avec des métapièces et non avec des pièces génériques. Les extrémités rouges sont assez curieuses et ne semblent pas avoir quelconque signification. De même, il est très regrettable que les extrémités trapézoïdales des flèches soient grises et non jaunes. Cela tend à visuellement raccourcir la longueur des flèches, ce qui va à l'encontre du but recherché. En effet, sur un modèle de ce genre, on cherche à avoir une allure élancée plutôt qu'une allure massive. Bien que très simplifié au niveau des mouflages, le crochet à un rendu correct.
La couleur jaune apparait comme un choix acceptable qui saura plaire au plus grand nombre. Le modèle est très imposant et doit quasiment être considéré comme un élément de mobilier tant il est impossible de l'exposer sur une étagère. Malgré ça, le set ne parvient pas à insuffler cette impression de gigantisme du fait de ses airs patauds. Il est d'ailleurs amusant de voir que la modeste grue treillis #8288 s'en sortait bien mieux sur cet aspect. Comme on l'a vu, cette #42146 cumule beaucoup d'approximations au niveau du châssis, de la tourelle et des flèches. Et au niveau des proportions, la situation ne s'arrange pas. En faisant une comparaison avec l'engin original, on constate rapidement que les flèches de notre modèle Lego sont au moins 2 fois trop courtes ! S'il est vrai que les Lego ne permettent pas de tout reproduire au plus juste, un tel écart de proportion n'est pas pour autant justifiable. Tout ça pour dire que même avec la meilleure volonté qui soit, il est rigoureusement impossible de reconnaître une LR 13000 quand on pose ses yeux sur cette #42146... Quand bien même le set aurait été commercialisé sans licence et donc sans point de comparaison avec la LR 13000, le contrat aurait été moyennement rempli compte tenu du niveau de finition médiocre de la grue.
En dépit de sa grande taille et de ses 6 fonctions télécommandées, la mécanique de la grue est d'une simplicité presque embarassante. Le set adopte une configuration à 2 hubs. Le premier est situé dans le châssis pour contrôler les chenilles et la rotation de la tourelle. Le second est dans la tourelle et permet des contrôles les 2 flèches et la hauteur du crochet. Pour propulser la grue, les 2 trains de chenilles sont contrôlés indépendamment, avec un moteur L angular chacun. En sortie de moteur électrique, on a à 2 reprises un 12t qui entraîne un 20t, puis la rotation pénètre dans ce hub pour bénéficier de sa réduction interne (27:5). Ainsi, la réduction totale est de 15:1. On a donc un couple assez élevé qui permet de déplacer sans trop de problème le poids de la machine. La vitesse de déplacement de la grue est de l'ordre de 230 cm par minute (soit presque 4cm par seconde). Ce n'est pas énorme, mais ça reste bien suffisant pour les déplacements d'un engin de cette catégorie. Pour tourner, pas de mystère : il suffit d'actionner les chenilles en sens inverses. Et il faut 17 secondes pour faire pivoter le châssis à 180°. Là encore, c'est une performance tout à fait honorable.
La rotation de la tourelle est de loin la fonction qui possède la mécanique la plus intéressante. Concrêtement, le moteur est situé verticalement dans le châssis, et via un engrenage à 12 dents, la rotation est distribuée dans 2 directions diamétralement opposées par une succession d'engrenages : 20t, 8t, 24t, 20t et 28t. Finalement, c'est la couronne supérieure (140 dents) liée à la tourelle qui est mise en mouvement. La réduction finale est conséquente puisqu'elle s'élève à 35:1. Mais cela n'empêche pas la tourelle de tourner à une vitesse importante : il faut seulement 12 secondes pour faire un tour complet. Autant dire que la jouabilité est excellente face à une telle réactivité ! Pour que le contrepoids suive les déplacements et rotations de la grue, ce dernier repose sur des billes. Le procédé est peu réaliste mais efficace : les billes font ni plus ni moins office de roues omnidirectionnelles !
Avant de se pencher sur les fonctions de la tourelle, il est important de préciser que le superlift est fixe. Les 2 suspensions n'ont qu'un rôle décoratif afin de coller tant bien que mal à l'allure de la LR 13000. S'agissant du dispositif de tension situé derrière le superlift, il ne sert qu'à absorber les mouvements du point de pivot au sommet du superlift selon la position de la flèche principale. Maintenant que la question de ces 2 gadgets a été évacuée, il ne reste plus qu'à se pencher sur les vraies fonctions de la tourelle. Et cela ne va pas prendre bien longtemps...
Les 3 fonctions de la tourelle sont l'orientation de la flèche principale, l'orientation de la volée variable, et le déploiement du câble du crochet. Et pour cela, la mécanique est quasiment inexistante : les 3 fonctions utilisent un moteur L angular en prise directe sur un treuil ! Pour orienter la flèche principale, on module le mouflage situé entre le superlift et la flèche principale à l'aide du treuil situé le plus en arrière. Le mouvement a une amplitude d'environ 50°, et une course complète prend 20 secondes. Cela induit un mouvement plutôt rapide. Pour orienter la volée variable, on module le mouflage situé entre les 2 fléchettes à l'aide du treuil situé le plus en avant. L'amplitude est de 40° et une course complète prend 8 secondes. Cela induit un mouvement un peu plus rapide que pour la flèche principale, ce qui est finalement assez logique au vu de la différence de taille des 2 structures. Enfin, pour gérer le crochet on utilise les 2 treuils centraux. La particularité de ces treuils est qu'ils enroulent les 2 extrémités du câble du crochet. Ainsi, la tension du câble est équitablement répartie au niveau du crochet, ce qui permet de gagner en stabilité tout en ayant une bonne vitesse. Lorsque la flèche principale et la volée variable sont levées au maximum, la grue mesure 105 cm, et le bas du crochet est à 79 cm. Il faut alors 12 secondes pour qu'il atteigne le sol. Du fait de sa construction, le crochet ne peut pas céder sous le poids. Par contre, quand la charge suspendue approche 1kg, le chariot de contrepoids arrière commence à ne plus toucher le sol ; prudence. Lorsque l'on étend la flèche au maximum, la portée entre le bout des chenilles et le crochet est de 90 cm.
Le modèle se contrôle intégralement avec l'application Control+. Avant toute chose, il faut procéder à l'appairage des 2 hubs. L'opération est automatique et prend un peu plus de 5 secondes par hub. Lors de la première utilisation, l'application procède également à un calibrage. Cette phase est essentielle car elle va permettre à l'application de connaitre la position du bras et de calculer les fins de course pour les 3 fonctions de la tourelle. Avec les manettes situées dans les coins inférieurs gauche et droit, on contrôle les chenilles. On fait tourner la tourelle avec la manette située en haut à gauche et on gère la hauteur du crochet avec le joystick droit. Le joystick gauche permet quant à lui de contrôler la flèche principale sur l'axe horizontal et la volée variable sur l'axe vertical. L'ensemble est très facile à prendre en main et assez intuitif, notamment parce que, contrairement à certains sets, il n'y a pas d'incompatibilité entre les différents mouvements. Comme on l'a vu précédemment, les vitesses de fonctionnement des différentes fonctions sont assez soutenues. Cela concourt également à offrir une bonne jouabilité. On peut opérer plusieurs fonctions à la fois si on est à l'aise, le tout avec une précision certaine puisque tous les boutons de commande sont analogiques. Ainsi, en faisant tourner la tourelle à la bonne vitesse et dans le sens inverse des chenilles, on peut repositionner le châssis sans faire bouger la tourelle. On peut aussi s'amuser à relever la flèche principale en compensant le mouvement de la volée variable. A la différence de certains sets pilotés par l'application Control+, cette #42146 se contente d'un seul et unique panneau de contrôle, et c'est très bien comme ça. Il est important de souligner que l'impossibilité de contrôler le superlift ne pénalise absolument pas la jouabilité. Il est même très probable que l'ajout de cette fonction n'aurait pas apporté grand chose sur les possibilités de manœuvre, tout en complexifiant au passage la jouabilité.
Malgré sa jouabilité de bonne facture, la façon dont a été traité le sujet donne quelques regrets. On a un modèle qui est certes imposant, mais reste très simple et pourvu de volumes vides particulièrement importants, notamment sous les 3 treuils. Il ne fait guère de doute qu'une autre voie était possible. En conservant la taille globale de la grue, il était possible de développer un modèle plus fin, moins massif, sans compromettre les fonctions ni la jouabilité. Des moteurs électriques un peu moins gros auraient alors été suffisants. Accessoirement, et sans nécessairement à chercher à affubler le modèle d'une licence Liebherr, cela aurait aussi sûrement permis de designer un modèle avec des finitions plus travaillées.
Les principaux éléments de l'inventaire sont de loin les 2 hubs et les 6 moteurs L angular Powered Up. Les pièces techniques ne sont pas légions puisque l'on ne compte que 90 roues dentées (dont 52 engrenages simple bevel, 4 turntables, 16 quarts de couronne et une crémaillère 14L), 2 moyeux, 2 suspensions, 150 éléments de chenilles, 4 barbotins, 2 articulations à boule, et 24 tiges 16L. On a aussi 54 éléments de carrosserie et 128 pièces assimilables à des cadres Technic. Il faut toutefois noter que 56 d'entre eux comportent des treillis et sont donc peu réutilisables. On notera enfin que les 24 éléments de contrepoids sont parfaitement inutiles pour des créations car dépourvus du moindre point de fixation Lego (trou Technic ou tenon).
L'inventaire est disponible ici.
Malgré ses qualités indéniables sur les manœuvres, il est difficile de ne pas considérer cette #42146 comme un modèle manquant de finesse. Tout en conservant la taille du set, une construction plus subtile aurait permis d'avoir un modèle moins massif, plus compact. Cela aurait débouché sur une grue avec des capacités de levage vraisemblablement diminuées, mais une allure beaucoup plus réaliste et des détails plus fins. Pour dire les choses de manière plus concrète, Lego aurait pu faire mieux avec moins. In fine, c'est bel et bien la jouabilité qui sauve cette Liebherr LR 13000.
