Petite review de la nouvelle moto proposée par Lego.
Encore un set Technic sous licence. Cette année, faut bien dire que c'est assez extraordinaire en terme de licence. Dodge Charger, Lamborghini Sian, Ducati Panigale. Et dans 2 mois on a le V22 Osprey et Tombereau Volvo. Ca fait beaucoup.
Seuls la grue mobile et le camion malaxeur sont ne sont pas affublés d'une licence.
Reprenons.
Le set en question :
- 646 pièces, ce qui en fait la plus grosse moto Lego à ce jour
- 60€
- pas de sachet numéroté
- une planche de sticker
Le modèle a été designé par Aurélien Rouffiange, avec l'appui de Markus Kossman pour les nouvelles pièces (car il y en a quelques unes).
Mais avant de se pencher sur le set, je pense qu'il est bon de refaire un petit historique des motos commercialisées en Technic.
Le premier modèle date de 1991 avec la 8838. C'est une moto-cross.
En 1995 on a la 8422 : moto de course rouge avec pas mal de studs.
Puis suit la 8417 : une moto de course noire et bleue avec plein de flexs. Pas vraiment une réussite...
Jusque là, les 3 modèles étaient proches techniquement : transmission par chaine avec un moteur V2.
C'est en 2005 que le genre passe un cap, avec la 8420. Design très soigné et qui aujourd'hui encore est très joli.
Avec une suspension réglable à l'arrière et un moteur V4. La première moto Technic à présenter cette configuration.
Ensuite, Lego proposera pas mal de modèles sans évolution majeure.
Par exemple, les moto-cross 8291 en 2008 et la 42007 en 2013.
Ou encore le roadster 8051 en 2010, dont la particularité était d'avoir un moteur avec 3 cylindres en lignes dans la largeur.
La moto de course 42036 décevra par sa faible technicité et son carénage trop léger. Et la BMW 42063 ne fera pas l'unanimité du fait de son design malgré une technicité intéressante.
Bref, depuis 1991 où on a eu la 8838, on a atteint le pic en 2005 avec la 8420. Et depuis, ça végète...
Pourtant, très rapidement après 2005 avec la 8420, on a vite pressenti que la prochaine évolution à intégrer serait une petite boîte à vitesses. Il aura donc fallu attendre 15 ans pour voir le résultat.
Ce qui nous mène à cette fameuse Ducati Panigale V4 R. Bon, pas trop de doute, c'est bien une moto de course, taillée pour la piste.
Esthétiquement, je trouve la moto vraiment jolie. Très belles roues, disques de frein, et suspensions avant dorées comme sur la vraie.
La carénage rouge dessine bien un angle autour de la roue avant, surtout visible de profile, comme sur la vraie moto.
Le seul couac, c'est le garde boue noir absent. Sur la vrai bécane, il habille bien. De fait, la moto Lego parait un peu dépouillée à cet endroit. C'est d'ailleurs le principal reproche que je ferai au design de la moto.
Car sur la partie haute, là encore, le modèle est sacrément bien fichu. Les détails sont habilement intégrés (phares, petits appendices aérodynamiques latéraux), et les pièces sont hyper bien ajustées et calées pour reproduire le carénage avec la bulle.
La bulle, parlons-en. C'est un plastique flexible. Elle n'est pas totalement transparente. Sans être parfait, le rendu n'est pas si mal. C'est sûr, une vrai verrière rigide aurait été mieux. Je pense que Lego n'a pas fait ce choix car le modèle reste un milieu de gamme et que la forme aurait été peu réutilisable pour un autre set. Et puis une verrière rigide n'aurait peut-être pas été aussi facile à joindre aux panels Technic. Bref, cette verrière flexible, ça me parait être un choix acceptable.
Sur le dessus, la moto est superbe également. Le réservoir d'essence est bien modélisé, le guidon est clean. Allez, à la limite on peut regretter l'absence des poignées de freins, mais c'est pas la mort.
La toute petite selle et le carénage arrière bien profilé, c'est bien dans la veine d'une bécane taillée pour la piste.
Sur le corps de la moto, l'impression de détail est bonne. On entrevoit bien la mécanique, comme sur la vraie moto. On a par exemple le collecteur d'échappement (tuyaux arrondis côté droit), avec les échappements sur la partie basse. Les impératifs techniques Lego font que le côté gauche n'est pas identique au côté droit. Mais je trouve que ça donne un foisonnement intéressant d'un point de vue visuel.
La différence majeure que je vois par rapport à la vraie moto, c'est le carénage rouge sur la partie basse. Normalement la moto est censée être davantage habillée, mais les carénages 5x7 64394 et 64680 sont un peu courts. Tant pis.
La roue arrière avec le disque de frein (pour la première fois en gris clair), rien à redire. Et la béquille d'atelier, une première en Lego, c'est également une brillante idée pour le côté racing.
Bref, très joli modèle de mon point de vue. Quelques petites simplifications ici et là, certes. Mais pour peu de s'y connaitre un peu, on reconnait la Panigale sans problème.
De profil, on peut aussi apprécier la géométrie du cadre. Et là, les designers Lego se sont bien creusé la tête.
Ca ne se voit pas sur les photos, mais la géométrie est tout aussi intéressante sur la fourche avant.
Les fonctionnalités. Pour la direction, la fourche pivote mais pas les carénages autour. Aujourd'hui, ça parait une évidence. Mais pendant de nombreuses années, Lego faisait pivoter tout l'avant de la moto par mesure de simplification. La suspension avant peut se comprimer de 16mm. Comme sur la BMW 42063, la fourche a un peu tendance à se dérober vers l'avant quand on appuie dessus du fait de son inclinaison. Mais ça va encore.
A l'arrière, la suspension est plus classique car elle utilise la même pièce vue depuis pas mal d'années. On notera simplement qu'elle n'est pas centrée mais positionnée côté gauche. Mais le modèle reste bien équilibré quand on la sollicite.
Vous l'avez compris, tout ce qui fait le sel de ce modèle, c'est la boite à vitesses. Avec le sélecteur côté gauche, on fait tourner un driving ring rotatif
qui va sélectionner le rapport (point mort, 1ère ou 2ème). Comme sur les super car Lego, on a un dispositif pour avoir des rotations à 90°, condition nécessaire pour le bon fonctionnement du driving ring.Ici, c'est donc un knob bloqué à l'aide d'une poutre en L plaquée par un élastique. Ca marche très bien. On a vraiment un fonctionnement à 90° vers le bas, horizontal, ou vers le haut. Le seul reproche que l'on pourrait faire, c'est que le sélecteur peut se coincer au delà de la position verticale si on continue à volontairement tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Mais comme je le disais, il faut faire ça de manière volontaire, sinon, aucune raison que ça se bloque.
Et la transmission constitue la coeur de la mécanique. Assez logiquement, le point mort est avec le sélecteur horizontal (driving ring en position centrale).
Comme sur une vraie moto également, la 1ère vitesse est avec le sélecteur vers le bas.
A ce moment là, on a 24:16 (par chaine) + 3 engrenages à 16 dents sur le côté extérieur droit + 3 engrenages 16t à l'intérieur + 20:12.
Soit une réduction de 1:2,5.
Et pour le rapport suivant, la 2ème vitesse, là aussi comme sur une vraie moto, c'est vers le haut.
A ce moment là, on a 24:16 (par chaine) + 3 engrenages à 16 dents sur le côté extérieur droit + 2 engrenages à 16 dents à l'intérieur + 12:20 + 20:12.
Soit une réduction de 1:1,5.
Fonctionnement logique : en 2ème, ça mouline moins qu'en seconde pour une allure donnée.
Bon, en même temps, avec 2 vitesses, c'est le minimum que le truc soit correctement calibré.
Et sur les 2 rapports, le vilebrequin du moteur V4 est entrainé par une courroie côté droit.
On peut apercevoir les pistons vers la selle. Ou plutôt devrais-je dire LE piston. La largeur paire du moteur dans le châssis impair fait que le moteur n'est pas centré. Le moteur est davantage visible côté gauche.
La dernière "fonctionnalité" du set, c'est la béquille d'atelier. Un pin de la béquille se coince dans le moyeu de la roue pour faire tenir la moto. Ok, c'est simple à enclencher. Mais en terme de stabilité, faut bien dire que cette béquille est bien foireuse. La roue arrière est coincée au niveau du moyeu, elle repose aussi un peu sur l'armature rouge au sol si bien que tout est de traviole... Pour peu que la fourche avant soit tournée vers la gauche ou vers la droite, alors l'équilibre devient très précaire. Avec une petite pichenette, on peut faire tomber la moto. Quand c'est pas la béquille qui se tord ou se déboite...
C'est assez déconcertant de voir que la fonction la plus simple du set est la plus bancale.
(on appréciera le double sens de bancal
)
Les nouvelles pièces ont été en partie abordées précédemment. Roues, suspensions, disques de frein, ça peut donner des idées.
On relativisera l'utilité de la bulle plastique pour d'éventuelles créations.
Voilà pour cette review. Les motos, c'est toujours un sujet délicat à traiter en Technic. Souvent il y a peu de place pour les fonctions, et il est difficile de faire un design original et soigné.
Là, on a une excellente moto de mon point de vue. Très bon travail sur le design malgré les 2 ou 3 approximations, et fonctionnalités innovantes malgré la béquille foireuse. Il est vrai que les quelques nouvelles pièces ont bien aidé.
Comme dit au début de la review, il aura fallu 15 ans pour voir une nouvelle marche franchie depuis la 8420. Et si vous voulez mon avis, il va falloir encore bien une vingtaine d'années avant de voir une nouvelle évolution majeure en Technic. D'ailleurs, pour intégrer quoi ?
Un petit moteur V2 pour avoir la place d'intégrer une BV4 ? Un système façon cable system des années 90 pour avoir des freins fonctionnels ?
Sincèrement, à ce jour ça me parait assez invraisemblable. En tout cas, bien plus invraisemblable que l'intégration d'une boîte à vitesses qui avait été rapidement suggérée comme une nouvelle étape après la 8420 de 2005.
Donc savourez. C'est pas demain la veille que vous aurez une nouveauté pareille si les bécanes Technic sont votre dada.
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