Un conseil ? Non. Des conseils ! Et cela est valable aussi bien pour les jeunes que pour les AFOLs. Le premier conseil que je peux donner, c'est lorsque l'on monte un modèle d'une certaine taille (disons au moins 300 pièces), il est très instructif de chercher à comprendre pourquoi le modèle est monté ainsi et non autrement. Cela permet d'apprendre des techniques bien sûr. Quoique avec le temps, on relativise un petit peu cet aspect. Par exemple, le SNOT ne présente plus vraiment de défi aujourd'hui avec toutes les pièces de type «bracket» ou briques avec des tenons sur les côtés qui existent.
Non, en fait, le plus important, c'est d'analyser le montage pour cerner les contraintes en présence (solidité, fidélité, jouabilité, et/ou détail et finitions, pour faire simple) qui ont imposé tel ou tel montage. Les contraintes peuvent être définies comme des points critiques qui s'imposent dès le départ (exemple : la verrière d'un chasseur, le diamètre des moteurs faits en métapièces, les ailes qui doivent être faites en plates, une structure faite en Technic, faire passer un axe Technic au niveau d'une articulation, etc.). Comme j'aime à dire parfois pour la conception des MOCs assez techniques, «Pour visualiser ce que vous devez faire, commencez par regarder ce que vous ne pouvez pas faire !» (ou ce que vous ne pouvez faire que d'une seule manière). Bref, au niveau de ces contraintes que la construction nous impose (et si on le souhaite, que l'on impose à la construction ; j'y viens dans les lignes qui suivent), on constate que la marge de manœuvre pour la construction est très limitée, voire inexistante. En repérant cela, souvent, les solutions à employer pour le reste de la construction découlent plus ou moins naturellement.
Une fois que l'on parvient à décrypter en partie les sets officiels – et il ne faut pas se leurrer, on ne décèle toutes les contraintes que dans les modèles que l'on a conçu soi même – il convient de mettre les mains dans le cambouis ! Définir le projet, avoir en tête ce que l'on veut obtenir (au moins en terme de taille, à peu près), et commencer par voir ce qui va s'imposer au reste. Par exemple, sur un gros croiseur de type Executor, il faut commencer par la structure. Car c'est celle-ci que vont être greffés tous les autres éléments de la construction. Cette structure est aussi une condition nécessaire à la rigidité de la construction.
Comme je le disais, des contraintes peuvent aussi être fixées non pas par la construction, mais par le créateur lui-même. Par exemple, «je ne veux pas que mon UCS soit supporté par 2 pieds». Vis à vis de ces contraintes que l'on s'impose en supplément, il convient d'être un peu plus souple lorsque l'on manque d'expérience. Au pire, il est possible de rajouter ce type de contrainte en cours de construction, quand on sent que l'on domine le projet. Par «dominer» son projet, j'entends correctement mener sa barque, et savoir où l'on va. Quand dans le fond on se dit «j'ai choisi cette solution parce A m'impose de faire B, et en même temps, il m'est impossible de faire C», on sait où l'on est et pourquoi on y est. Au contraire, si le MOCeur se dit «J'ai choisi cette solution parce que je n'ai rien trouvé de mieux», cela signifie peut-être que projet n'est pas totalement dominé. Attention, cela ne signifie pas que le MOC sera raté ! Mais disons qu'il y a sûrement des zones susceptibles d'être améliorées.
Un autre conseil que je peux donner, c'est de rester dans des montages carrés et propres. Soyons clairs, cela ne veut pas dire exclure les montages techniques. Mais quand on voit que le montage commence à partir dans tous les sens, voire que les pièces viennent à ne plus s'emboîter correctement suite à un enchaînement de montage douteux, cela doit interpeller. Il en est de même lorsque la construction devient inutilement lourde (et par «lourde» je ne parle pas en terme de poids, évidemment). Personnellement, dans ces situations, je conseille de cesser le massacre et faire table rase sur la partie du montage qui est bancale. Pour autant, cette expérience ne doit pas rester inutile. Normalement, elle permet de tirer de nouvelles conclusions. Par exemple «Il semble qu'il faille un renfort à cet endroit». En fait, il y a tout un processus d'essai successifs, de tâtonnement si on peut dire. D'ailleurs, je l'ai déjà dit souvent sur les forums. Pour les MOCeurs qui manquent de technique, il faut compenser avec le temps. A force d'essayer des montages, il y a forcément un montage qui finira par payer, et qui répondra aux exigences définies au départ.
Après, je dirai qu'il faut avoir un minimum d'exigence en vers soi-même, et porter un regard critique sur ses travaux et les travaux des autres. Bien entendu, un regard critique qui n'est pas une critique gratuite. Le cas échéant, cela n'a aucun intérêt. Le niveau d'exigence est dur à définir car assez subjectif. Ceci dit, quand on opte pour une solution en se disant qu'elle évitera la prise de tête et qu'elle «fera le taf et puis voilà», il y a 9 chances sur 10 que résultat final soit misérable. Typiquement, faire une montagne en empilant simplement des briques 2x4 ou des BURPs (Big Ugly Rock Piece ;
http://www.bricklink.com/catalogItem.asp?P=6082 ) est le meilleur moyen d'avoir un rendu immonde. D'ailleurs, comme toujours dans ces beaux acronymes, le sens en Anglais n'est pas anodin. «Burp», ça dit bien ce que ça veut dire !
Enfin, il faut être réaliste. Projeter de faire un marcheur Star Wars (AT-ST, AT-AT, AT-TE, etc.) détaillé tel un UCS et en même temps vouloir le faire marcher (motorisation) est risible tellement cela est impossible à faire (au moins à ce jour ; et sans trop prendre de risque, je pourrai dire pendant encore quelques années...). De même, vouloir faire un diorama de 5m x 2m, c'est bien joli, mais si vous n'avez pas le temps ou le stock nécessaire pour faire tous les petits détails qui vont apporter de la vie et de la crédibilité à votre décor, cela n'a pas grand intérêt. Dans la plupart des grands dioramas City que j'ai vus par exemple, l'architecture des bâtiments est digne de celle des pays de l'Est durant la grandeur du communisme... Cet écueil est récurrent lorsque l'on cherche à faire de la surface plutôt que du détail et de la finition. A mon sens, un MOC petit mais bien construit et bien fini est nettement plus réussi et valorisant qu'un MOC inutilement gros.
Donc pour résumer ces explications : analyser la façon dont sont construits les sets officiels et certains MOCs, porter un regard critique sur son travail, essayer de «faire simple» (et bizarrement, faire simple n'est pas facile!), ne pas être pressé de terminer (il est important d'être convaincu qu'un MOC bien fait est un MOC qui prend du temps), et ne pas tirer des plans sur la comète.