Salut à tous !
Avec la sortie de la saison 4 de Stranger Things - retardée pour cause de covid - je vous invite à faire un tour à Hawkins dans l'Indiana.
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Ouais, je sais, la review aurait dû sortir il y a quelques temps déjà, mais les timings ont été vraiment foireux entre le moment où j'ai eu le set et les reports de la S4. Bref...
Pour ceux qui ne sont pas trop familiers avec la série, sachez qu'elle a été lancée en 2016 sur Netflix et largement saluée par la critique. Elle met en scène une bande de jeunes adolescents dans les années 80, passionnés de D&D et autres joyeusetés, bien décidés à retrouver leur ami Will Byers mystérieusement disparu. La série nous amènera à faire connaissance avec Eleven, une jeune fille dotée de pouvoirs psychiques, et à découvrir un monde parallèle pas vraiment ragoutant. Ambiance garantie.
Pour resituer un peu le contexte de cette review, je précise que j'ai beaucoup apprécié la série mais que je ne me considère pas comme un fan hardcore. Je n'ai d'ailleurs visionné chaque saison qu'une seule fois, à l'époque de leur sortie.
Lors de l'annonce officielle de ce set par Lego, j'ai été assez dérouté. Car oui, j'ai bien compris que Lego voulait jouer sur la corde sensible de la camaraderie entre la bande de copains qui jouent ensemble, un peu de la même façon que Lego avait voulu faire valoir les valeurs familiales en faisant des sets sur les Simpson. Mais je ne vous cache pas que dans un cas comme dans l'autre, je trouve le procédé extrêmement maladroit.
Dans le cas des Simpson, quand on lit les messages entre les lignes ou certaines répliques sarcastiques, on est quand même très loin de la série pour enfants et des valeurs familiales que le groupe Lego essaie de nous vendre. Même chose sur Stranger Things : les scènes d'horreur auront vite fait de faire faire des cauchemars à un gamin de 10 ou 12 ans... Bref, le marketing de Lego nous prend une nouvelle fois pour des buses.
C'est donc en toute connaissance de cause qu'on se penche sur ce produit
pour enfants mis sur le marché pour faire le buzz.
Voici les infos du set :
- 2287 pièces
- 200€
- 8 figurines
- 2 planches de stickers
- sachets numérotés de 1 à 11. J'ignore si c'est un clin d'oeil à Eleven.
Et avant de se pencher sur la construction du set, j'attire votre attention sur la boite. Depuis la création de la marque Lego, ce 75810 est le premier set à faire apparaitre un logo à l'envers. En effet, la charte graphique Lego encadre rigoureusement l'utilisation de son logo pour toutes ses publications, affiches, documents, etc. Il est par exemple interdit de pencher le logo Lego ou de le retourner. Lego fait ici une exception et propose une boite avec 2 logos, l'un à l'endroit, l'autre à l'envers. Nul doute que cet écart aux règles graphiques du groupe a dû faire l'objet d'intenses tractations en interne.
L'objectif de ce double logo est bien sûr de représenter le monde normal en plus du "monde à l'envers", simplement en retournant la boite. Un artifice absolument génial qui illustre la facilité de passer d'un monde à l'autre, voire à se questionner sur lequel des 2 mondes est le vrai.
On notera également la qualité du visuel. De tout point de vue, c'est vraiment un jolie boite.
Sur les notices, je pense que Lego aurait pu pousser le vice là aussi puisqu'on a en gros une notice pour chaque monde. Ce que je veux dire c'est qu'il aurait été bien qu'en juxtaposant les 2 notices, le set complet apparaisse, avec le monde civilisé au dessus, et l'autre dimension avec un visuel à l'envers. Cela aurait peut-être été un peu redondant avec le procédé utilisé sur la boite, mais malgré tout préférable à des visuels de dossier "Classified" tout moche.
Concernant les stickers, pas de commentaire...
Sachet 1 :
On début avec la construction du 4x4 de Hopper, le flic de la série. C'est juste une bagnole toute conne me direz-vous. Que nenni.
Le designer nous a sorti un beau SNOT de derrière les fagots pour le capot. Pour les vitres latérales, on a une attache par clip, un peu à la façon de la première Ecto-1 Ideas (
https://www.bricklink.com/v2/catalog/ca ... ?S=21108-1 ).
On remarquera que le coffre est chargée d'une citrouille. De mémoire cela est à rapprocher de la saison 2. On construit également le support à figurines.
Sachet 2 :
On commence à construire l'environnement. Le monde "normal", qui n'est en fait pas si normal que ça dans la série.
Sachet 3 :
Puis on érige les murs avec quelques détails plutôt sympa. C'est dans la pure veine des modulars.
A l'extérieur on a une myriade de tenons pour accrocher le futur bardage bois.
Sachet 4 :
On poursuit l'intérieur avec notamment le fauteuil fixé en diagonale. J'ai trouvé curieuse cette utilisation de mini turntable, puisque ce type de montage en SNIR ne requiert en principe aucune turntable (le baby foot du set Friends par exemple :
viewtopic.php?f=32&t=12391&p=200835#p200835 ). En fait, la turntable sert simplement à avoir un ancrage plus solide qu'un jumper
, et ce afin de retourner le set sans risquer de faire tomber du mobilier.
Puis on ajoute tout le bardage bois en SNOT, et le mobilier extérieur. On notera que la balançoire est articulée avec de la friction. De cette façon, elle est utilisable mais peut aussi vaincre la gravité dans le cadre d'un retournement.
Sachet 5 :
On réalise le porche, on met quelques détails dans les combles, on attache le toit, et termine les conduits de cheminée en SNOT qui servent de renfort vertical.
Il y a 2 aspects à noter concernant le toit :
- là où certains sets (typiquement les vaisseaux UCS Star Wars) ont des parties penchées qui sont attachées d'un côté et reposent sur une structure en contre bas pour définir une pente, le toit est ici attaché fermement sans mouvement parasite possible. Cela permet de retourner les maisons sans que les toits ne se soulèvent. Le montage est très simple et bigrement efficace ; à retenir pour les MOCs !
- la brique lumineuse est placée derrière un panel imprimé en passoire
de façon à marquer des points lumineux au mur et mettre certaines lettre de l'alphabet en évidence (pour peu de mettre les stickers...).
Et la 1ère maison est terminée :
Sachets 6, 7, 8 et 9 :
On construit l'autre monde en suivant globalement la même trame. Il y a tout de même une variation significative : vu que le monde est à l'envers, tout est construit en symétrique pour conserver une bonne correspondance lorsque l'on joint les 2 maisons.
Avouez qu'en mettant les 2 maisons l'une à côté de l'autre, ça vous rappelle vos parties de La Bonne Paye !
Sachet 10 et 11 :
On conclut la construction avec les arbres qui servent de piliers et permettent de positionner le set en "apesanteur", si on peut dire. Ca ne saute pas vraiment aux yeux, principalement parce que Lego a bien réussi son coup en terme de détail, mais les 2 arbres sont exactement les mêmes.
Globalement les arbres consistent en des briques empilées, et renforcées par des poutre verticales Technic studfull, verrouillées par des
. On a aussi une jolie feinte de la part de Lego pour la conception de ces arbres. J'explique.
Les 2 maisons, elles, sont en sens opposés avec les tubes cul-à-cul au niveau du sol. Au contraire, les arbres, eux, sont entièrement empilés dans le même sens. Et pour cela, Lego a été astucieux en trouvant des équivalents symétriques entre les pièces de façon à conserver une symétrie dans les apparences tout en simplifiant la construction.
AInsi :
tout en bas =
tout en haut
tout en bas =
tout en haut
en bas =
en haut
On accole les 2 maisons, on les lie avec des rotules Technic (porte fusée
), et un ajoute les 2 arbres sur les côtés, fixés eux aussi avec des rotules.
L'opération est un peu délicate, mais l'ensemble est bigrement solide à la fin !
Du côté des figurines, Lego frappe un grand coup, non seulement parce que le set fournit tous les personnages emblématiques de la saga, mais aussi parce que les minifigs sont foncièrement réussies.
Du côté des adultes, c'est finalement les figurines les plus classiques avec Jim Hopper, et Joyce Byers (la maman de Will).
Les 3 copains, aussi courageux que soudés : Dustin Henderson, Lucas Sinclair et Mike Wheeler. On remarquera que tous les personnages enfants ont des petites jambes articulées ; un vrai plus pour la jouabilité, par rapport aux jambes fixes.
La minifig de Dustin est vraiment superbe, avec un joli torso et une superbe hair piece avec cheveux + casquette. Le bandana sur la tête de Lucas est une jolie pièce également, fort utile pour ceux qui font du Lego Militia.
Bien sûr, les talkie-walkies sont incontournables au niveau des accessoires. Très présents dans la série, et jouet très à la mode dans les années 80 et début 90.
Et puis ceux qui, souvent contre leur gré, sont habitués au monde à l'envers. Will Byers et Eleven sont très classiques. Par contre, le Demogorgon...
La minifig est jolie et flippante à la fois, c'est vraiment du bel ouvrage.
En retirant la tête moulée, il y a dessous une tête sérigraphiée avec les pétales de la mâchoire fermée pour varier les plaisirs.
Rappelez-vous, le sachet 1 du set inclut un présentoir. Présentoir d'ailleurs muni d'un sticker alors qu'il était tout à fait possible de sérigraphier vu la relative simplicité du motif : une seule couleur, le rouge, donc aucun risque de mauvais alignement entre les différentes couches.
Ce présentoir est d'autant plus décevant qu'il ne permet d'aligner que 4 figurines, là où le set en a 8. Ca devait être trop difficile de concevoir un support avec 8 emplacements...
Et puis surtout, excusez-moi du peu, m'enfin on a un set où toutes les figurines s'intègrent par-fai-te-ment, et sans la moindre difficulté... Bref, ce présentoir n'a aucun sens.
Et lorsque tout le monde entre en scène, on est parés pour vivre le grand frisson Stranger Things !
Je dois bien avouer que le résultat en jette bien davantage que ce que je pensais lors des premiers visuels officiels.
Déjà, le modèle est
très stable. Les arbres sont très rigides, bien ancrés au sol. On peut manipuler le set facilement sans risque de voir le modèle se casser en 2. Indéniablement, on a un réel effort de la part de Lego sur ce point.
Le fond blanc des photos aide sûrement à évoquer cette idée d'apesanteur, mais je trouve quand même que le résultat est bien rendu. On a plein d'éléments qui surmontent la gravité et qui donnent vraiment l'impression d'un autre monde : lianes qui pointent vers le haut, liquide dégoulinant vers le haut, balançoire la tête en bas, mobilier accroché au "plafond", et bien sûr les figurines qui peuvent elles aussi être attachées la tête en bas.
On notera toutefois que cette notion de "Monde à l'envers" (traduit de la VO anglaise "The Upside Down"), n'est pas à proprement à l'envers dans la série. Il s'agit plutôt d'une dimension parallèle, dont l'environnement est identique au monde "réel", avec des trucs bizarres, crades et effrayants en plus.
Lego interprète donc cette notion de "monde à l'envers" de manière littérale, et je pense que le résultat est malgré tout très réussi. Au delà de l'originalité de la construction, quand on met son regard à hauteur du sol, on ressent réellement cette notion de dimension parallèle. Et on peut s'amuser à voir les différences entre les 2 mondes, comment à évolué la maison des Byers, où les plantes ont envahi les murs, etc.
Comme je l'évoquais auparavant, la seule vraie entorse de ce monde qui a été mis à l'envers se retrouve dans le bâtiment du bas où les pièces ont dû être inversées, changeant ainsi l'implantation de la maison. Autant dire que ce n'est pas bien gênant.
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Autre entorse mineure : la seconde cheminée du côté des 2 chambres de Will aurait pu être supprimée, la vraie maison n'en ayant qu'une côté salon.
Une vue en contre-plonger pour mieux apprécier les détails anti-gravité :
A l'extérieur, on retrouve l'identité typique des bicoques américaines : un long porche avec des colonnes, du mobilier de jardin, du bardage en bois, et un toit peu pentu avec une aération spartiate. De ce point de vue là, c'est encore une réussite.
Par contre, je ne me souviens plus à quel évènement se rapporte le trou dans le mur de la maison.
La voiture de Jim Hopper ne peut accueillir qu'une seule figurine. Dommage, mais pas bien grave en fait. Le design est hyper fidèle au "
truck" que l'on voit dans la série. Couleurs, forme de la bagnole, tout y est. J'avais de gros doutes sur les passages de roues très angulaires, mais en fait, non, c'est rigoureusement fidèle.
Et contrairement à ce que l'on pourrait redouter, les roues ne frottent pas les passages de roues.
A l'intérieur, on a plein de détails à se mettre sous la dent, dont certains que j'ai particulièrement appréciés : la couverture sur le lit de Will, le piège à loup fait avec des anses, où encore les petites étagères en bois. On voit aussi comment ce monde a évolué, par exemple en regardant ce qu'est devenue la plante en pot.
Mini reproche : il aurait pu être sympa que la couverture dispose d'un tenon pour que Will puisse y dormir même en étant à l'envers.
Le plus gros reproche que l'on peut formuler sur l'intérieur (et sur le set de manière générale), c'est le mur avec l'alphabet. Dans les 2 mondes c'est un sticker et non une pièce sérigraphiée. C'est vraiment dommage car c'est un aspect important tant dans la série que visuellement sur le set.
Les autres stickers du set (cf la palanquée de stickers sur la seconde photo de la review) sont finalement peu problématiques. Le modèle offre largement de quoi satisfaire notre soif de détails.
Le papier journal aux fenêtres est sérigraphié ; ouf !
Si vous êtes plutôt fan de l'Upside Down (ou si vous êtes de mauvaise humeur
), vous pouvez tout à fait exposer le set dans l'autre sens... Les gouts et les couleurs.
La bagnole de Hopper qui surmonte la gravité, ça fait son petit effet.
Seule ombre au tableau : les plantes fixées sur les rotules qui lient les 2 mondes sont dépourvues de friction. Donc en retournant le set, elles basculent dans le monde du bas. On s'en remettra...
Deux autres photos pour apprécier l'Upside Down :
Lorsque j'ai acquis ce set, je n'étais pas particulièrement enthousiaste. J'ai été convaincu au fur et à mesure de la construction. Et à la fin, j'ai dû me rendre à l'évidence : le modèle dégage vraiment quelque chose.
Toute proportion gardée, on le regarde un peu comme une oeuvre d'art, car le modèle interpelle tant dans sa construction que dans ce qu'il représente. On peut même dire qu'il définit un concept. On peut totalement reprendre l'approche générale du modèle pour créer ses MOCs : par exemple, une maison en pleine de vie couplée à la même maison abandonnée et délabrée 50 ans plus tard...
Alors oui, bien que l'intérieur soit accessible par derrière, le modèle est loin d'être la panacée vis-à-vis de la jouabilité. De part la nature même du set, le "niveau 0" du set situé à plus de 15cm de l'étagère sur laquelle il repose rendra les déplacements limités pour les figurines, et le 4x4 est quasiment condamné à rester garé au même endroit. Et oui encore, le set est d'un goût certainement douteux par rapport aux valeurs de la marque Lego.
Mais ça reste tout de même une vraie proposition originale : l'ensemble est très détaillé, fournit tous les personnages principaux de la série, le tout dans une approche jamais vue dans un set Lego. Autre aspect pratique : le set n'est pas énorme et s'expose assez facilement (33cm de haut, 45cm de large, 20cm de profondeur). De mon point de vue ce set est nettement plus intéressant que la maison des Simpson qui avait pourtant pour objectif de surfer plus ou moins sur la même vague (au moins en terme de marketing).
Il n'était pas pensable ni souhaitable que Lego développe toute une gamme autour de la licence Stranger Things comme il a pu le faire pour Harry Potter par exemple. Mais au vu de ce 75810 très réussi, j'aurais bien vu quelques autres sets l'accompagner. Du genre un nouveau set par saison.
A priori, il faudra donc se contenter d'un seul modèle Stranger Things. Tant pis. Mieux vaut un seul set réussi qu'une myriade de trucs bâclés tels qu'on a pu les voir sur bien des thèmes Lego (Icônes de Poudlard 76391, Batwing 76161, Friends Apartement 10292, Republic Gunship 75309, BMW 1000 RR #42130 ; Landspeeder 75341 ; je pourrai facilement en citer encore une bonne dizaine).
