Alors que le gong final approche, voici mon entrée pour ce concours: un hexomorph extraterrestre
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Avant d'entrer dans le vif du sujet, quelques précisions:
- ceci est mon tout premier MOC en studless. J'ai d'ailleurs fait les premiers protos en studfull tellement j'étais confiant
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- c'est également la première fois que je photographie un modèle, et mes tentatives pour trouver un fond uni et de belles ombres sont restées assez vaines. Un rideau en arrière-plan a fait l'affaire.
- c'est enfin la première fois que je fais une revue.
- la vidéo montrant assez précisément les mécanismes, je n'ai pas mis trop de photos pour ne pas surcharger cette revue. S'il vous en faut davantage, dites-le moi et je les mettrai.
I - Approche générale de la conception du modèle
Le cahier des charges imposait un hexapod motorisé avec bras, de 1000 à 2500 pièces. Pour moi, il était clair que l'intérêt du concours est le déplacement, pas le bras (c'est mon interprétation en tout cas). La difficulté est le déplacement fluide d'un engin très lourd. Je ne dis pas que la réalisation du bras soit facile, mais il y a suffisamment de sets officiels qui en sont équipés pour s'en inspirer. Je vois plus le bras comme quelque chose qui alourdit l'ensemble mais participe à son esthétique. Le rater, c'est donc aussi rater en partie le modèle.
II - Choix du thème
N'étant pas spécialement intéressé par les thèmes forestier, minier ou travaux publiques (j'ai trop monté de set officiels de ce thème), je me suis tourné vers ce qui a 6 pattes et qui est très commun: les insectes. Et puis, étant grand amateur de science fiction, j'ai vite dérapé vers la création d'un hexapod extraterrestre. En clin d’œil à la saga Alien qui appelle sa bestiole le xenomorph, j'ai appelé la mienne un hexomorph.
III - Conception du châssis et choix du mécanisme des pattes
A part réaliser quelques protos à l'aspect ridicule, j'ai passé le premier mois à me documenter sur le net. La réalisation d'un hexapod est un sujet très classique dans les universités, IUT, centres de recherche, etc.
Quelques exemples:
Après avoir eu une révélation en essayant le studless (qu'est-ce qu'on gagne comme place !), j'ai d'abord essayé la cinématique avec coulissement vertical de l'extrémité haute de la patte dans un guide:
Le mouvement est bon, mais tous ces engrenages, que de jeu !
Pour tous les premiers protos, le problème était que la bielle moteur en rotation qui provoque ce mouvement excentré de la patte passait son temps à sortir de son axe. Même en mettant plusieurs bagues (bush), ça finissait toujours par sortir. Tous mes essais pendant près d'un mois se sont soldés par des échecs. Jusqu'au jour où...je me suis rendu au Lego Store de Levallois. Quel rapport ? Eh bien ce jour-là, la seule pièce Technic qu'ils avaient dans leur mur de briques, c'était la turntable. J'en ai donc acheté une dizaine, avec comme idée d'en mettre une par patte. La turntable étant fixée des deux côtés par des pins perpendiculaires à son axe de rotation, hop hop, ça pouvait marcher !
Détail de la jointure:
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L'axe excentré sortant de la turntable fait 4 de long et a un petit chapeau au bout (je ne me souviens plus du nom de la pièce), ce qui l'empêche de sortir. L'autre avantage de la turntable, c'est sa couronne dentée: parfait pour obtenir une réduction de la vitesse de rotation des moteurs XL. Au final, ce n'est pas un axe (qui peut se tordre dans la longueur) mais la turntable qui transmet le mouvement rotatif, et ça marche très bien. Comme on le verra après, il y a pourtant 2 moteurs XL dessus !
Voici la fixation de la patte:
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Le châssis est composé de trois sections. Le système permettant de tourner est un classique double articulation. Là encore, pour éviter d'utiliser un axe vertical comme pivot, j'ai préféré utiliser une articulation en rotule, ou plutôt deux (pour qu'il ne reste qu'un seul degré de liberté). Cette pièce a deux avantages:
- sa robustesse
- la possibilité de passer un axe au milieu. Dans mon cas je passerai l'axe moteur aux deux sections extrémités.
La partie centrale du châssis est construite sur deux niveaux. Le premier est celui de la propulsion: il contient les 2 moteurs XL.
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Il n'y a pas d'autre réduction que la jonction 8t/turntable, d'où l'utilisation de knobs partout où c'est possible.
Le second niveau contient le moteur L pour la direction. Nous verrons plus loin comment cela fonctionne. On le voit sur cette photo, un peu caché:
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Entre les deux articulations rotule, j'ai inséré une turntable pour la direction. L'axe provenant du moteur L, via quelques renvois d'angle en knobs (cf. photo ci-dessus), fait tourner une vis sans fin par articulation. Chaque vis actionne un pignon lui-même au contact de la turntable. La vitesse de rotation est satisfaisante. Par contre, actionner ce mécanisme à l'arrêt n'est pas conseillé (un peu comme tourner les roues d'une voiture à l'arrêt, sans direction assistée): ça finit par craquer quelque part.
IV - La tête
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La tête est constituée de 4 fonctions:
- la rotation assurée via un gros vérin pneumatique
- une mâchoire via un autre gros vérin. Le déploiement de la tête déploie également une crête et plisse les sourcils de la bestiole. Tout cela via un jeu de bielles. La collerette se déploie en utilisant des cardans pour transmettre le mouvement aux différentes poutres la composant. Je me suis bien amusé, et mes enfants ont adoré ! Sur le même sélecteur est aussi branché le gros vérin qui déploie la queue. On a donc une vraie position d'attaque aux deux extrémités de l'animal.
- deux mandibules via 2 mini vérins
- une bouche intérieure extensible via un dernier mini-vérin:
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L'extrémité de la bouche est fortement inspirée de la pince de la grue 42006, mais seulement la partie à laquelle sont accrochées les 4 "dents" noires. Le reste est fait maison, notamment parce que j'utilise un mini vérin pneumatique contrairement au set officiel qui utilise un vérin mécanique.
J'avais initialement dans l'idée de faire une langue type caméléon avec un aimant au bout. J'aurais réalisé un mini-insecte de quelques pièces avec lui aussi un aimant aux fesses, et il aurait pu se faire gober ! Juste pas eu le temps...
La vidéo montre tous les détails de ces mécanismes.
V - Mensurations et points forts/points faibles
Au final la bête fait 90 cm de long, 30 de large et 27 de haut, pour 1.95kg. Le décompte approximatif des pièces m'amène à environ 1200 pièces, sans doute un peu plus.
J'ai essayé de respecter un code couleur tout simple: le corps en noir (ou gris pour certaines pièces) et la tête en jaune (sauf les yeux en rouge).
Les points ports sont:
- l'originalité (je pense).
- le déplacement plutôt fluide avec des mouvements assez réalistes.
- les fonctions sur la tête, notamment les sourcils et la collerette: totalement inutiles mais esthétiquement ils apportent beaucoup. Et puis c'est un animal, pas une grue ou un bulldozer ! Quand il attaque, ça sa voie: son corps change, son "visage" aussi, et quoi de plus expressif que les yeux pour figurer une expression.
- l'ensemble est jouable et rigolo à utiliser. Ça j'en suis sûr je l'ai passé à mes deux filles
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Les points faibles:
- le rayon de braquage, satisfaisant en tenant compte de la taille de la bête, mais malgré tout clairement améliorable.
- la faible puissance du compresseur, malgré les 3 pompes.
- bien que l'animal ait quelques capacités de franchissement liées à la taille de ses pattes, si je lui mets un objet de quelques centimètres de haut sous l'une d'entre elles, l'articulation de cette patte va craquer très fort: elle doit soulever tout le poids de l'animal à elle toute seule, et là ça n'est pas possible !
J'ai choisi de ne pas utiliser des valves PFS pour plusieurs raisons:
- j'ai toujours adoré les sélecteurs pneumatiques depuis 25 ans que j'en utilise (ah le 8862...).
- les valves PFS (j'ai essayé grâce aux exemples du forum) ne m'ont pas convaincu, je trouve les sélecteurs pneumatiques bien plus jouables. Mais bon, c'est une question de "goût".
- l'ajout d'autres moteurs aurait grandement alourdi le bidule ! Et piloter le tout avec 2 télécommandes (ça va encore) ou plus (ça fait beaucoup, on s'y perd après je trouve) ne me paraissait pas très jouable.
VI - La vidéo
Là aussi je me suis bien amusé !